Rajeolina # Ravalomanana au 2nd tour à Madagascar :  Duel à mort entre deux  sauriens de l’océan indien

Rajeolina # Ravalomanana au 2nd tour à Madagascar : Duel à mort entre deux  sauriens de l’océan indien

La  Commission électorale a tranché ce 17 novembre 2018 : du trio d’ex-présidents malgaches, deux ont été qualifiés pour le second et ultime tour de la présidentielle du 19 décembre prochain, sous réserve que la Haute cour constitutionnelle confirme : Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana. Sans grande surprise donc. On imaginait bien ces deux mastodontes de la classe politique de la Grande Île se tutoyer au dernier carré de ce scrutin.

Exit donc le président sortant Hery Rajaonarimampianina qui avec à peine ses 8% des voix, ne fait résolument pas le poids face aux «cordiaux» ennemis. Et il trahit le principe selon lequel un dirigeant au pouvoir n’organise pas une élection pour la perdre. L’écouter se plaindre de la mauvaise organisation de la consultation électorale, de ses soupçons de fraudes et du recours qu’il a posé devant la Haute cour constitutionnelle pour demander purement et simplement l’annulation du scrutin a des connotations anachroniques et contrastantes ne changeront rien à la donne et d’aucuns diront qu’il n’a pas su capitaliser la prime au sortant, mais le pouvait-il vraiment ? Les complaintes de Rajaonarima seront certainement drôlement entendues du côté de Yaoundé où un président Paul Biya, sortant, a laminé ses adversaires camerounais. Mais le Cameroun n’est pas Madagascar et comparaison ne fait absolument pas raison ! S’il pense avoir raison de ruer dans les brancards, Hery Rajaonarimampianina devra s’en remettre au verdict de la Haute cour pour réparer son tort.

En attendant, ce second tour sonne comme un rendez-vous historique. Il plane un air de revanche dans l’air.  Contesté, malmené puis finalement éjecté du pouvoir en 2014 par le bouillant maire de Antananarivo, surnommé alors «TGV», Marc Ravalomanana avait vu le pouvoir sortir de ses mains et le fuir désormais comme la peste. Fuite, exil, condamnation par la justice de son pays lui collaient à la peau comme un sceau d’infamie. Il avait perdu le pouvoir le en 2009, par la faute de ce jeune homme au visage poupin, qui par un jeu de passe-passe, aidé il est vrai par l’armée, l’a éjecté du palais présidentiel. Et dans son esprit, il n’y a qu’un seul responsable, un seul coupable, en la personne de Rajoelina. Et l’histoire lui offre, à travers ce second tour, de prendre sa revanche, de reprendre ce qui lui avait été arraché. Il tient là une occasion en or de rabattre le caquet à cet adversaire de 10 ans sans cadet.

Cependant, les choses ne sont pas aussi si bien enclenchées. L’ex-jeune président est en tête du premier avec 39,19% des suffrages. Marc Ravalomanana est à 35,29%. L’écart n’est pas abyssal. Mais c’est un écart tout de même et il peut avoir son pesant dans le décompte final. Même si Ravalomanana a le soutien non négligeable d’une certaine partie de Madagascar qui a souscrit à sa gouvernance, notamment les hauts plateaux et de l’Eglise, il n’en demeure pas moins que Andry Rajoelina représente pour de nombreux Malgache, celui qui les a sauvés d’un pouvoir qui faisait plus leur malheur que leur bonheur. Il a pour lui la jeunesse et une certaine proximité avec le peuple. Un argument qui aura son pesant.  Et du reste qu’on ne s’y fie pas : le quadra a beaucoup appris, il a des réseaux et des soutiens insoupçonnés.

Tout se jouera donc avec les alliances et aussi avec les messages qui seront distillés pendant la campagne électorale. C’est certain, les deux adversaires qui esperont n’ont pas que la revanche chevillée au corps, mais aussi de bien-être des Malgaches à cœur se livreront «un duel à mort». Dans cet océan indien ce sera un combat sans merci entre deux sauriens qui se connaissent bien, trop bien même. Ils ne feront pas de quartier. Forcement il y aura un mort politique le 19 décembre. Pourvu que les coups qui seront donnés restent dans les frontières de la politique et n’éclaboussent pas les Malgaches et le pays déjà exsangues, croulant sous les maux.

Ahmed BAMBARA

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