Peut-être que ça démangeait Donald Trump de répéter le scénario à la Zelensky avec le Président de la République d’Afrique du Sud (RSA). Et ce ne sont pas les motifs de le faire qui ont manqué : de la proximité de l’Afrique du Sud avec la Chine, le véritable adversaire des USA (la Russie étant devenue un allié convivial), en passant par la plainte de la RSA devant la CPI envers Israël pour «génocide» à Gaza, qui équivaut à une déclaration de guerre par translation aux USA, jusqu’à la Totale que constitue le cas des Afrikaners blancs, accueillis à Washington pour cause de «génocide», décidément, pour toutes ces raisons, il y avait de quoi que Donald Trump sorte sa lourde artillerie verbale pour rabattre le caquet au Sud-Africain qui, comme l’Ukrainien, n’a pas géopolitiquement «toutes les cartes en main».
Rencontre attendue, redoutée, mais finalement, il n’y a pas eu les dérapages qu’on avait craint. Il faut dire que Ramaphosa a bien préparé cet aparté de par la composition de sa délégation ce qui a un peu «désarmé» Trump.
Les compatriotes et les médias sud-africains craignaient une humiliation de Ramaphosa, dans la Maison ovale et en mondovision. Surtout que le secrétaire d’Etat Marco Rubio avait lâché une salve envers Ramaphosa ! Echanges passablement houleux, mais rien à voir avec le cas emblématique de Zelensky.
Ouf ! Le président sud-africain a échappé à cette infamie diplomatique, mais pas à quelques remontées souples de bretelles, enrobées dans la demande «d’explications» sur les Afrikaners. Hier 21 mai 2025, vidéos à l’appui, le 47e président des USA a demandé des comptes à son homologue sud-africain : «pourquoi les agriculteurs blancs sont-ils tués ? », et qui sont ces derniers «réfugiés » accueillis aux USA. «Et pourquoi prend-t-on leurs terres ?». Autre question de Trump. «Non, non non non», personne «ne peut prendre de terres» a retorqué Ramaphosa. Et pour Ramaphosa, sa présence à Washington durant 4 jours en plein froid diplomatique entre l’axe Washington-Pretoria, sa présence est de «remettre les compteurs à zéro» !
En langage clair, la RSA a beau être proche de la Chine et de la Russie, les USA sont son 2e partenaire commercial (7,45%) des exportations totales en 2024. Si on prend l’AGOA par exemple, la RSA est le plus grand exportateur non pétrolier de l’AGOA vers les USA à hauteur de 3,6 milliards de dollars (2023). D’ailleurs, les récentes sanctions brandies par Trump à l’égard du monde frappaient durement la RSA !
Washington valait bien le déplacement pour Ramaphosa, malgré le reflux diplomatique. Et le risque calculé devait être pris par Ramaphosa pour non seulement crever l’abcès, savoir mettre ses œufs dans divers paniers, et sauver les meubles de son économie, à l’heure où les indicateurs en la matière sont en berne !
Habiter aussi la fonction présidentielle, c’est savoir agir au bon moment, en saisissant les opportunités en allant aux charbons, car à l’heure où Trump dicte sa loi au monde, dessine la géopolitique à sa guise, distribue les bons et les mauvais points, il ne fait pas bon d’aller subir son courroux à la Maison Blanche. Sauf cas de raison suprême ! Bravo à Ramaphosa qui a fait son job !
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA
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