Rappel de Luc Hallade pour consultations par le Quai d’Orsay :  Quelle issue pour cette brouille entre Paris et Ouagadougou ?

Rappel de Luc Hallade pour consultations par le Quai d’Orsay :  Quelle issue pour cette brouille entre Paris et Ouagadougou ?

C’est un nouveau pas qui vient d’être franchi dans la brouille entre Paris et Ouagadougou. Après la dénonciation par les autorités burkinabè des Accords de coopération militaire entre les deux pays, Luc Hallade, l’ambassadeur français au pays des hommes intègres dont le remplacement avait été exigé plusieurs semaines auparavant par le Burkina Faso a finalement quitté le pays. 

C’est par vol Air France du 25/01/2023 que le diplomate s’est envolé vers la France. Selon une note du Quai d’Orsay datée du jeudi 26 janvier 2023, le diplomate a été rappelé pour «consultations». «Dans le contexte des derniers développements intervenus au Burkina Faso, nous avons décidé de rappeler notre ambassadeur à Paris, pour mener des consultations sur l’état et les perspectives de notre coopération bilatérale», a expliqué le Quai d’Orsay.

Trois jours donc après la demande de retrait de la Force Sabre formulée par le Burkina Faso, c’est un tournant qui se joue dans les relations entre la France et son ex-colonie dont le Capitaine Ibrahim Traoré a pris la direction en fin septembre 2022.  Si pour l’heure, les choses se font dans une ambiance de respect mutuel (contrairement au voisin malien) le rappel de Luc Hallade par Paris pour consultations fait surgir plusieurs hypothèses. En effet jusque-là, la France ne réagit pas à la demande de remplacement du diplomate que Ouagadougou ne considère plus comme un interlocuteur fiable. Que traduit donc, ce « rappel pour consultations» ? Quelle décision pourrait sortir au terme de ces «consultations» ? Malgré les assurances des autorités burkinabè, les rapports entre le Burkina Faso et la France pourront-ils connaitre une embellie après ces couacs ? Sous quelle forme peuvent-ils être envisagés ?

Jusque-là, le ton employé par les deux parties est des plus posés empreint de politesse. Paris et Ouagadougou font tout pour «traiter ce sujet avec tous les égards diplomatiques». Mais,  lors de sa visite du 10 janvier dernier, Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’État auprès de la ministre française des Affaires étrangères n’était pas parvenu à faire fléchir le Burkina dans sa volonté d’exiger le remplacement du diplomate «controversé». Pour l’heure, aucune des parties ne compte franchir le Rubicon de la rupture en dépit des divergences. Quelle formule sera trouvée pour un nouveau rapprochement ?

C’est une certitude, de plus en plus les relations entre la France et le Burkina Faso sont devenues orageuses depuis quelques temps. La confiance qui les caractérisait jadis a cédé la place à une méfiance sans pareille. Loin des accusations de manipulations orchestrées par le Kremlin, ces nuages pourraient être interprétés comme la conséquence d’une politique française restée dans les carcans de la Françafrique des années 1990 et qui n’a pas réussi à faire sa mue pour se conformer au contexte présent et aux exigences du moment. Les mutations intervenues dans plusieurs Etats africains imposent à l’ancienne puissance coloniale un changement radical de paradigme pour faire l’économie de tensions diplomatiques avec ses ex-colonies qui entendent désormais s’affirmer sur le plan de la souveraineté. C’est donc le lieu pour Paris de repenser sa politique extérieure pour éviter que l’exemple malien ne fasse tache d’huile dans la sous-région et s’étende au-delà.

Davy Richard SEKONE

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