Rapport de l’ONU sur les frappes de Bounti : Paris n’en démord toujours pas

Rapport de l’ONU sur les frappes de Bounti : Paris n’en démord toujours pas

Le rapport de l’enquête diligentée par la division des droits de l’homme de la MINUSMA ne passe pas à Paris. Trois jours après la publication de ce rapport qui l’accuse d’avoir tué 19 civils lors d’un mariage près de  Bounti, c’est une ministre des Armées françaises très «remontée» qui a mis le cap sur Bamako pour une fois de plus réfuter les accusations de bavures.

Après avoir rallié la capitale malienne, pieds au plancher, Florence Parly accompagnée de ses homologues estonien et tchèque n’a pas caché son désarroi vis-à-vis des conclusions de ce rapport qui semblent être restées en travers de sa gorge.

On peut du reste imaginer l’ambiance de l’audience qu’elle a eue avec le président Bah N’Daw, mais surtout le ton du discours qui lui a été servi, même si depuis le 3 janvier, date  des frappes de Bounti, Bamako a épousé la position de Paris, battant en brèche les premiers questionnements sur l’identité des personnes tuées dans ce raide. De ces propos de la ministre des Armées, transpire une colère vis-à-vis des enquêteurs sur lesquels elle refuse de jeter l’opprobre.  «Il y a aussi une guerre dans le domaine informationnel et notre ennemi exploite toutes les polémiques possibles», a-t-elle affirmé, en ajoutant «je ne peux pas admettre que l’honneur de nos soldats puisse ainsi être Sali».

C’est donc en terrain conquis en dépit du sentiment anti-français (diffus) que Florence Parly s’est de nouveau prononcée sur la polémique née de ce rapport accablant pour la France. Et les premiers propos l’indiquent clairement : «Nous avons partagé notre détermination à continuer notre combat contre le terrorisme», a déclaré Parly face à la presse à l’issue de l’entretien avec le président Bah. Visiblement touchée dans son amour propre, la France n’entend donc pas laisser ce rapport salir sa réputation déjà entamée du fait d’une présence de plus en plus controversée au sein des populations et dont les seuls thuriféraires restent les dirigeants et locataires des palais africains. Du reste, dans ce sens, la France s’apprête à transmettre un «ensemble d’observations et remarques au département des Nations unies, auteur de cette enquête qui dérange».

Lors de cette visite, il a été également question de l’opérationnalisation de la Task Force Takuba qui devra prendre ses quartiers en lieu et place de Barkhane. Plus d’une année après le sommet de Pau qui a annoncé la création de cette force, c’est au compte-goutte que  les pays européens manifestent leur intérêt pour cette force hybride. A la lumière de ces faits et au vu  des lenteurs observées dans la montée en puissance de la Force du G5 Sahel, on peut affirmer sans crainte de se tromper, que rien n’est acquis dans ce processus. Il faudra donc encore patienter pour voir les escouades de Takuba prendre leurs quartiers dans la région des «Trois Frontières» et entamer ses patrouilles avec les troupes du G5 Sahel à la poursuite des hommes enturbannés qui écument la bande sahélo-saharienne .

 Davy Richard SEKONE

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