Rapport de Reporters sans frontières – 49 journalistes tués en 2019 : La race des prédateurs des médias en déclin

Rapport de Reporters sans frontières – 49 journalistes tués en 2019 : La race des prédateurs des médias en déclin

En journalisme, les bonnes nouvelles sont les mauvaises nouvelles, les trains à l’heure n’intéressent pas, seuls les retardataires font l’info. Mais pour une fois, surtout que ça concerne ces «historiens du présent», il faut s’en réjouir et en faire échos : le rapport de reporters sans frontières (RSF), du cru 2019 mentionne que ‘’seulement’’ 49 journalistes ont été tués, dans l’exercice de leur fonction. Un chiffre qui correspond à la moitié des habituelles victimes ces 10 dernières années. C’est suffisamment rare pour ne peut être écrit et commenté.

Le record est détenu par un pays de l’Amérique du Sud, le Mexique où ont été occis 10 de nos confrères, et qui fait qu’il est la terre la plus dangereuse pour les hommes de médias.

Le Mexique détrône ainsi l’Afrique où l’Erythrée ou la Somalie ont pendant des années de façon continue détenu la palme des cieux ingrats à l’exercice du métier.

C’est que de façon générale, depuis deux décennies, les prédateurs de la liberté de presse voient leur nombre décliner, non sans avoir eu à commettre les actes abominables envers la profession.

Au Burkina Faso, il y a 5 jours de cela, on commémorait le 21e anniversaire de l’assassinat du journaliste d’investigation Norbert Zongo, tué et «boucané» en rade de Sapouy en 1998, alors qu’il enquêtait sur la mort du chauffeur de François Compaoré, frère cadet de l’ex-président Blaise Compaoré.

En Gambie, les langues se délient sur la mort de Djedah Heidara, réduit au silence définitif le journaliste Deyda Hydara, directeur du journal The Point, correspondant de l’AFP et de Reporters sans frontières par les sicaires de l’ex-Ubu de Banjul, Yahya Jammeh. Au Mali toujours, le journaliste Birama Touré disparu depuis deux années reste introuvable. Ce n’est pas un bon signe. A Kidal, Ghislaine Dupond et Claude Verlon au sortir d’une interview étaient abattus… Guy André Kieffer qui suivait en Côte d’Ivoire la piste frauduleuse du café-cacao a disparu. Mais justement, parce que ces médiacides sont restés impunies, mais ont soulevé et révulsé une opinion africaine, et parce que de plus en plus, les médias ont gagné en crédibilité, peut-être à cause du sacrifice de ces confrères, et de l’exigence de justice, qui fait que des noms ‘’d’intouchables’’ jadis sont cités, les ‘’mangeurs de journalistes’’, ont diminué à tout le moins, ont changé le fusil d’épaule.

En effet, si on ne peut plus tuer ouvertement un «tapeur de clavier», ou un «teneur de micro ou de caméra», les menaces et intimidations et les procès-liberticides et autres lois de même acabit sont toujours des réalités sous les tropiques.

Au Mali par exemple, le fils du chef de l’Etat Karim Kéïta, a esté en justice contre les confrères Adama Dramé, directeur du journal Le Sphinx et Mamadou Diadié Sacko dit Saxe, directeur d’une radio privée, Procès intenté, procès perdu.

La dépénalisation de délit de presse a quasiment gagné les pays africains de la sous-région, mais subsistent des obstacles, comme le quantum en cas de condamnation, qui est une mise à mort du journal, car souvent exorbitant.

Enfin, l’étouffement financier via le non-paiement à temps ou pas du tout des factures constitue également une forme de coercition pour ces médias, sur lesquels souffle d’ailleurs une sale météo : la concurrence des réseaux sociaux et la crise économique.

Mais l’un dans l’autre, ce rapport de RSF 2019 console, car ce travail de sacerdoce, ne remplit pas les poches, mais la claire conscience de faire œuvre utile, d’accomplir un service public, est en soi une satisfaction .

La REDACTION

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