Soixante-douze heures après l’embuscade meurtrière de Diabaly, dans le Centre du mali, deux sous-préfets ont été enlevés à Diré dans la région de Tombouctou. Les auteurs de cette attaque survenue en début de soirée d’hier mercredi 17 juin 2020 n’ont pas dérogé à la règle en vigueur depuis des violences terroristes.
Selon plusieurs recoupements, au nombre de 7, les assaillants ont fait irruption dans la cour de la préfecture à bord d’un pick-up, ont kidnappé le sous-préfet central de Diré, Sékou Sidiya Coulibaly et le sous-préfet de la commune rurale de Dangha, Oumar Traoré. Dans leur fuite, ils ont emporté le véhicule du préfet stationné dans la cour. Une troisième personne enlevée, caporal de l’armée beaucoup plus veinard a réussi à prendre la fuite en se jetant par-dessus à bord du véhicule. Ce rapt vient si besoin en était encore, prouvé le niveau de dégradation du climat sécuritaire qu’a atteint le Mali. Et comme on le dit trivialement, tout est train d’aller à vau-l’eau dans ce pays qui se cherche au propre comme au figuré depuis près d’une décennie. A la crise sécuritaire qui aura fait plus d’un millier de victimes, est venue se greffer une autre politique.
Rien ne va ou du moins les choses s’empirent du côté des bords du Djoliba. Alors que le pays reste meurtri par le deuil de la trentaine de soldats arrachés brutalement à l’affection de leurs proches et frères d’armes, les choses sont sans dessus dessous dans ce pays qui ne finit pas de tanguer. Entre donc, la vive contestation de la coalition hétéroclite formée autour de l’incontrôlable Mahmoud Dicko bras droit du chérif de Nioro et la crise sécuritaire que le pays réel a fini par intégrer dans son quotidien, tout porte à croire que la direction du gouvernail du navire Mali a échappé à son capitaine Ibrahim Boubacar Keïta dont le sort tient à un fil qui peut rompre à tout instant.
Longtemps adoubé par ces contempteurs d’aujourd’hui (notamment Mahmoud Dicko, et Bouyé Haïdara…), IBK est plus que jamais dans l’œil de cyclone et ne sait plus comment manœuvrer pour reprendre la main. Contraint de sortir de son mutisme, le locataire du palais de Koulouba avait dans une première allocution tendu la main à la contestation et appeler à un dialogue inclusif pour calmer les choses. Mais rien n’y fit. Le désaveu semble avoir gagné le cœur des Maliens qui ne croient plus au miracle.
Et ce n’est ni la satisfaction de la vielle plateforme des syndicats des enseignants, ni la promesse de faire libérer Soumaila Cissé, ni la mise en place d’un gouvernement d’ouverture qui pourront faire renaître la confiance entre lui et ses concitoyens, qui sont parvenus à la conclusion suivante : «Le problème du Mali, c’est IBK !» d’où le succès du slogan «IBK dégage !» en vogue dans les rues de Bamako depuis l’appel du 5 juin de l’Imam Dicko.
Hier jeudi donc, en réponse à l’appel au dialogue et à la main tendue du président malien, le truculent Imam s’est une fois de plus montré intraitable et appelé à manifester vendredi prochain pour exiger le départ de celui qu’il avait soutenu il y a quelques années. Aujourd’hui, IBK semble avoir épuisé ses cartes et ne peut que s’en remettre à la providence et espérer que le vent tourne en sa faveur. Le malaise est donc profond et les potentiels négociateurs ou facilitateurs qui seront tentés de se jouer les bons offices entre les deux parties ont du pain sur la planche. Et pourtant, il faut que les institutions maliennes restent. Cela semble le moindre mal. Car faire partir IBK, n’est pas la solution malgré sa gouvernance calamiteuse. Il faut sauver la République, en sauvant le soldat IBK. Car même si le M5 est dans son rôle, cette façon de vouloir monter sur la colline du pouvoir à la hussarde serait très dangereuse pour le Mali.
Questions à un fauteuil : IBK dissoudra-t-il l’Assemblée nationale et congédiera-t-il les 9 grands juges de la Cour constitutionnelle, deux des nombreux épines désormais à son pied ?
La rédaction
COMMENTAIRES