Rapt du chef de file de l’opposition au Mali : Qui en veut à ‘’Soumi’’ ?

Rapt du chef de file de l’opposition au Mali : Qui en veut à ‘’Soumi’’ ?

C’était presque inimaginable. Et lorsqu’on entend l’information, on a cette seconde de doute qui traverse l’esprit, lui intima l’ordre de relire à nouveau, encore et encore pour finir par se convaincre de l’évidence : Soumaïla Cissé, potentiel président de la République malienne, Chef de file de l’opposition du Mali, a été enlevé dans son propre pays. Ni plus, ni moins.

En tournée de campagne pour les législatives dont le 1er tour est prévu pour le 29 mars, le président de l’Union pour la république et la démocratie (URD) Soumaïla Cissé, accompagné d’une délégation forte d’une dizaine de personnes a été enlevé dans la localité de Koumaira, dans la région de Tombouctou.

Si plusieurs de ses accompagnons ont été légèrement blessés, son grade de corps lui a eu moins de chance et a été tué.

Une fois relevé de son désarçonnement, on se pose la cohorte de questions suivante : comment cela est-il possible ? Son escorte n’était-elle pas à la hauteur ? N’était-elle pas assez équipée ? N’avait-elle pas les moyens de défendre ce candidat à la magistrature suprême ? Autant d’interrogation qui trouveront sans doute leurs réponses dans les prochains jours.

Tout comme celle qui dandine autour de l’identité de ceux qui ont osé commettre ce forfait. Les groupes armés «modérés» ? Qui en veut tant à l’enfant de Nianfuké ? Qui en veut à ‘’Soumi’’ ? On sait qu’en 2012, dans l’atmosphère du coup d’Etat de Sanogo, il avait eu des mots durs contre les putschistes et une friction avait germé, qui s’était après éteinte. Un tel acte d’ailleurs ne s’explique guère actuellement. Les choses sont plutôt en bonne voie avec le gouvernement. La preuve, à Kidal, le pouvoir central et les anciens rebelles mangent ensemble sur la même table. Et ce serait anachronique qu’ils se mettent brusquement à dos le pouvoir de Bamako en enlevant une si haute personnalité.

Sont-ce alors les nombreux terroristes qui écument cette partie du Mali ? Amadou Kouffa et ses compagnons ? Possible. Mais alors, où mettent-ils la main tendue du gouvernement malien ? Les négociations seraient-elles déjà en train de prendre un chemin de travers ? Ou voudraient-ils se trouver un moyen de pression ? Par rapport à quoi ?  On sait que dans les encablures où a eu lieu le rapt, opèrent les katibas d’Al Quaida, c’est-à-dire le GSIM d’Iyad Ag Ghali, mais aussi le Front de libération du Macina (FLM) d’Amadou Koufa. On sait que les négociations entamées par Bamako sont en branle. Soumaïla Cissé est-il contre ces palabres ? A-t-il des problèmes avec les katibas ? Dans tous les cas, ce serait mal partie pour le dialogue tant espéré du côté de Bamako car cet enlèvement de Soumaïla Cissé vicie un peu ce dialogue déjà pas facile.

L’Etat islamique au Grand Sahara n’a pour habitude de faire des enlèvements, surtout pas de ce type. Les rapts sont généralement plus dirigés vers les Occidentaux.

 Des bandits ? Des trafiquants ? Que voudraient-ils en échange ? Pour l’instant donc, c’est un trou noir qui s’étale sur cet évènement pour le moins extraordinaire au Mali. Et attendant de connaître les méandres de ses profondeurs, on peut déjà scruter les contours de ses abords.

Déjà, il est clair que ceux qui criaient que la situation sécuritaire n’étaient pas propice à tenir un scrutin municipal auront de quoi nourrir leur moulin. Et c’est la preuve plus que jamais que le Mali n’est pas sûr et que  le recouvrement de son intégrité territoriale reste un vaste chantier.

C’est une mauvaise passe que traverse ainsi Soumaïla Cissé. Il reste à espérer qu’il se sorte indemne de cette situation.

Enfin, c’est une bien mauvaise publicité pour Ibrahim Boubacar Kéita. Et la mésaventure de «Soumi» repose avec une brûlante réalité le maintien des législatives réaffirmé la veille par le président en personne. Etait-ce responsable dans le contexte d’insécurité et surtout du Covid-19 de tenir ces élections ? Le moins pire  est que son principal opposant revienne sain et sauf de cette souricière. Surtout que le Covid-19 a frappé à la porte et est rentré et que l’insécurité est toujours prégnante. La problématique de cette élection se pose toujours donc. Et IBK prend un risque non-calculé .

Ahmed BAMBARA

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