L’info, le scoop et souvent derechef le risque qui va avec, sont consubstantiels au métier de journaliste. Evidemment, la logique préparatoire est aussi de mise surtout si c’est un dossier à risque comme interviewer un djihadiste dans son environnement comme le projetait Olivier Dubois exerçant depuis 4 ans au Journal malien à Bamako et correspondant français du Point et de Libération, qui avait rendez-vous à Gao avec un terroriste pour un entretien. Et enfin la «bonne fortune» pour faire un clin d’œil à Napoléon dont on a fêté le Bicentenaire de la mort hier 5 mai, cette chance est autant précieuse en guerre comme en journalisme ! Olivier Dubois n’en a pas eu manifestement.
Disparu sans nouvelle depuis le 8 avril dernier, le voilà qui montre qu’il est toujours parmi les vivants au détour d’une vidéo de 21 secondes qui est devenue virale sur les réseaux sociaux. Signe de vie mais aussi manifestation d’un homme en détresse qui appelle au secours et qui jette l’anxiété dans son entourage.
Ouf d’apaisement du côté de sa famille, ses confrères maliens et français mais peur également, car lorsqu’on est enlevé par ces individus, au mieux on paie une rançon et vous êtes libéré, au pire vous êtes tué.
A preuve, le 27 avril courant dans l’Est du Burkina, 2 journalistes et un patron d’ONG ont eu moins de chance qu’Olivier Dubois puisqu’ils ont tout simplement été assassinés. Il est vrai que la grande Katiba, qui sévit au Sahel, le GSIM de Iyad Ag Ghaly pointée du doigt dans cet enlèvement n’a rien à voir avec les coupes-jarrets et autres contrebandiers le jour et terroristes la nuit, mais déjà le fait est qu’Olivier Dubois est vivant est un bon augure !
Il est non seulement vivant mais il y a un double espoir de le voir libre :
1) Primo, naturellement si les ravisseurs avaient voulu ôter la vie à ce dernier il y a longtemps qu’il l’aurait fait et s’il a été maintenu en vie c’est seulement à dessein pour ne pas dire que ses geôliers visent soit une rançon soit un échange de prisonniers comme ce fût le cas avec Sophie Petronin et Soumaïla Cissé. Les rapts d’Occidentaux, les rapines et le commerce crapuleux sont autant de mamelles qui alimentent le terrorisme au Sahel. Et comme toujours, on jurera sur tous les toits qu’aucun kopek n’a été déboursé.
2) Secondo, si ça se trouve vraiment que c’est le GSIM (affilié à Al-Qaïda) qui est l’auteur de l’enlèvement d’Olivier Dubois, ça tombe bien car à l’heure où le Mali a entamé des négociations quasiment officialisées sous IBK et poursuivies par la Transition, la libération d’un prisonnier peut se «dealer» sans trop d’anicroches ! Et si l’on ajoute le fait que la France s’est emparée du dossier comme l’a laissé entendre le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, de concert avec les autorités maliennes, les perspectives pour qu’Olivier Dubois puisse humer l’air de la liberté sont bonnes.
Ceci étant, et tout en souhaitant que notre confrère soit rapidement hors de danger, on ne cessera jamais de dire que rien ne sert de s’aventurer dans une zone peinte en rouge et décommandée par toutes les chancelleries de l’Union européenne. Il y a presque 8 ans, Ghislaine Dupont et Claude Verlont avaient eu rendez-vous à Kidal avec un notable pour un entretien et c’est au sortir de cette interview que l’impensable est advenu sans qu’on ne sache jusqu’à nos jours ce qui s’est réellement passé.
Oui pour un journalisme d’investigation, oui pour les scoops mais non au risque non calculé, à une témérité inutile. Surtout à l’heure actuelle, il ne sert à rien d’exposer inutilement sa vie face à des gens qui n’ont aucun respect pour celle-ci et qui subliment plutôt la mort. Pour le moment, on croise les doigts avec sa famille, le directeur de publication du journal malien et les autres confrères qu’Olivier Dubois soit vite libéré tout en sonnant le cor de la prudence : des pans entiers du Sahel sont aujourd’hui des no man’s land. Prière de ne pas s’y aventurer pour quelle que raison que ce soit !
La Rédaction
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