A l’image de la garde rouge dont les éléments se relaient devant le palais du bord de mer, laquelle garde rouge donne l’impression d’être la même, immobile, pourtant ils se relaient toutes les 3 heures et dont le général Oligui NGuema était le chef, la nomination de l’économiste Raymond Ndong Sima, un opposant et ex-premier ministre d’Ali Bongo comme nouveau premier ministre de la Transition, donne l’impression que tout change pour que rien ne change dans l’ère post-Bongo-fils !
En effet, le promu fut à ce poste entre 2012 et 2014 sous Ali Bongo, mais rompra les amarres avec ce dernier pour être son concurrent aux présidentielles de 2016 et 2023. L’homme de 68 ans qui bénéficie d’un préjugé favorable, au regard de ses états de service et sa rigeur dans la gouvernance, qui vient de retrouver son poste de chef de gouvernement, était devenu un opposant radical au président déchu, critiquant son magistère et ruant dans les brancards. Il s’était joint au conglomérat Alternative 2023 pour la présidentielle du 26 août dernier, mais le fait qu’on ait préféré Albert Ondo Ossa, lui fera claquer la porte. Il savoure une sorte de revanche à présent.
Le voici de nouveau comme coordonnateur de l’action gouvernementale, d’une équipe, qui se voudra celle de la rupture, d’une période anti-Bongo, du moins de nettoyage des écuries d’un système qu’il doit d’ailleurs connaître, puisque lui-même a été au cœur de cette galaxie Bongo ! Tout comme son patron, le président de la Transition, le général Oligui NGuema.
D’abord, à vrai dire, ce n’est pas nouveau au Gabon depuis Bongo-père jusqu’au fils où l’on voit les allers et venues des opposants arpenter les couloirs du palais du bord de mer comme ministres. Depuis les Paul Mba Abessolé, le chef des Bucherons jusqu’aux Jean-Ping, Alexandre Chambrier, Guy Zouba Ndama… tous sont allés à la «mangeoire» avant souvent, d’essayer de tutoyer le maître des lieux.
Du reste, Bongo-père l’avait si bien compris qu’entre lui et son opposition, c’était devenu comme une parenté à plaisanterie. Il est vrai que les libéralités d’Omar Bongo Ondimba, sa figure tutélaire de père de la Nation, sa longévité au pouvoir et ses atomes crochus avec la France faisaient qu’il y avait une tolérance à son égard.
Et tout compte fait, le marigot politique gabonais comprend les mêmes caïmans, et il y avait nulle part où le président de la Transition, le général Oligui NGuema ne pouvait aller pour trouver le calao à 2 becs, l’homme providentiel, neuf et vierge politiquement. Il fallait qu’il pêche dans le même landerneau politique.
Sans prédire de l’équipe que composera le premier ministre Ndong Sima, même s’il est aussi comptable en partie du bilan de Bongo-fils, il faut attendre de le voir à l’œuvre pour apprécier. Pourra-t-il brûler les scories de l’époque Bongo, pour se mouler dans la peau d’un premier ministre qui imprimera la métamorphose réclamée par les Gabonais ? C’est la fonction qui révèle l’homme !
Lui-même pourra-t-il faire sa propre mue pour qu’on sente le changement ? Encore faut-il qu’il ait les coudées franches, car ce sera au général Oligui d’indiquer le cap et à Ndong et ses ministres de s’y plier. Le palais du bord de mer dessinera et le premier ministre Ndong Sima se chargera de colorier. C’est dans l’action les mois à venir qu’on saura si cette Transition de l’après-Bongo équivaut à une césure politique et économique, ou tout simplement c’est du neuf qu’on tente de faire avec du vieux !
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA
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