RD Congo  : Du comment empêcher  un 3e glissement

RD Congo : Du comment empêcher  un 3e glissement

Joseph Kabila doit être en train de sabler le champagne. Sur le cadavre de la Constitution congolaise dont le corps est lacéré de partout. Assis sur son trône dont les pattes pointues s’enfoncent dans la chair de cette Loi fondamentale, il a de quoi fêter et faire sauter des feux d’artifices. Deux faits. Deux anniversaires. Le premier, est l’accomplissement de son premier mandat illégal et indu à la tête de la République démocratique du Congo.

Il aurait dû en effet céder le passage depuis le 19 décembre 2016, échéance officielle de son dernier mandat  de président élu démocratiquement. Mais par un jeu de passe-passe, fait de roublardise politique, de ruse, de stratagèmes et aidé par le sort ou la providence (notamment le décès de son opposant le plus  farouche et certainement le plus efficace, Etienne Tshisekedi), il a réussi à se cramponner à la chaise présidentielle. Il a entraîné à se rendre complice de sa supercherie, la commission électorale qui a fixé à fin 2018, la tenue possible des élections présidentielles. Double triste anniversaire en réalité, car il y a un an, le bail du fils du Mzee était forclos, et dans une dizaine de jours également, cela fera 12 mois, que la CENCO, aida la RD Congo à accoucher un mort-né : l’Accord du 31 décembre. Ça fait mal, c’est rageant, car depuis 4 générations, le pays de Patrice Lumumba n’a jamais connu d’alternance. Du mobutisme au kabilisme père et fils, cette nation éléphant ne fait que tomber de charybde en schylla.

En d’autres termes, Joseph Kabila est bien parti pour exercer deux ans de mandat non légal et non prévu par la Constitution de son pays. Au grand dam de ses opposants et de cette partie des Congolais qui n’approuvent sans doute pas cette façon de forcer le destin de la gouvernance politique.

Mais le rêve de Kabila s’arrête-t-il seulement à ces deux années de bonus, à ce glissement si ingénieux ? Certainement pas. Rien n’indique qu’il ne caresse pas l’idée de briguer un autre mandat si les élections se tiennent. Parce que ce qu’il faut dire, et c’est le deuxième anniversaire qu’il pourra fêter d’ici la fin de l’année 2017, il aura réussi à se dépêtrer des différents obstacles ! Mise sous éteignoir des voix des évêques, lesquelles voix sont pourtant écoutées, création de la zizanie chez les opposants en procédant à des nominations qui jurent avec l’esprit et la lettre de l’Accord de la Saint-Sylvestre, et pour ne rien arranger avec la situation au Kasaï, si les élections se tiennent fin 2018, cela relèverait tout simplement du miracle.

Kabila a réussi à rabattre le caquet, ou du moins, à ignorer les bruits de la communauté dite internationale, jusqu’au sein de l’ONU où il a pu intégrer le conseil des droits humains. Il y a donc comme une réelle impuissance à faire face au rouleau-compresseur enclenché par Joseph Kabila dans le schéma qu’il a tracé vers son enracinement au pouvoir.

L’opposition ? Celle-ci commence à donner des signes d’essoufflement. La preuve par ce flop qui a retenti sur les toits de Kinshasa après l’appel de l’UDPS à manifester ce 19 décembre 2017. Félix Tshisekedi peut accuser la pluie d’avoir dissuadé ses militants de sortir dire qu’ils en ont assez de la tactique de Kabila. En effet, même la machine UDPS n’a pas pu rassembler la foule des grands jours de manifestations, hier 19 décembre, et c’est un patron un peu déçu de ce parti, gagné d’ailleurs, par le syndrome des querelles byzantines qui a pu constater au pont de Limeté que les militants étaient clairsemés. Echec donc à Kinshasa même si à l’intérieur du pays, les militants du Rassemblement sont sortis nombreux. Et au demeurant, la prise de la citadelle Kabila n’est possible, que si et seulement si l’opposition redouble d’ardeur dans la lutte. C’est d’ailleurs désormais, une course contre la montre que devra se livrer le Rassemblement. Objectif : empêcher coute que coute, soit un 3e glissement soit des élections truquées et tronquées, qui ne pourront changer guère le locataire du palais de la Nation. Au risque de répéter un marronnier en politique : seule la lutte paie, et elle a un prix, surtout s’il s’agit de faire partir un président illégal. Contraindre Kabila à endosser ses habits de chef d’Etat intérimaire, et organiser vraiment les élections en décembre 2018, voila la tâche impérative des opposants et des Congolais. Et attention au énième bonus qui ‘’glissera sur 2019’’ ! Les peuples ne suivent que des opposants courageux, déterminés et convaincus de la justesse de leur combat.

Si l’opposition veut réussir son combat pour le respect des valeurs démocratiques en RD Congo, la prise de conscience que Kabila ne sera pas tutoyé par des chatouillements de plume de poule doit être immédiate et suivie d’effet sur le terrain. Le cas échéant, autant acheter des paquets de pop-corn  et s’installer confortablement dans une chaise pour suivre le film dont l’unique et seul acteur est Kabila fils.

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