A l’évidence, Genève ne vaudra pas mieux que Genval. On avait pourtant cru que dans la ville helvétique, le Rassemblement congolais était parvenu à trouver la prophylaxie adéquate pour guérir de la maladie infantile qui mine les oppositions africaines : l’introuvable unité, lors des scrutins majeurs. Ce qui n’avait pas été le cas à plusieurs reprises dans la banlieue bruxelloise. On l’avait cru d’autant qu’après avoir fait chorus derrière Martin Fayulu, qui avait été désigné comme le porte-étendard unique de cette opposition, c’était le 11 novembre dernier, on s’acheminait vers un Front unique de l’opposition (FUO) contre le Front commun congolais (FCC) cornaqué par Ramazani Shadary, l’homme-lige de Kabila.
C’était sans compter avec les égos hypertrophiés des uns et des autres, et le désir de certains opposants qui croient à leur destin présidentiel. Ainsi donc 24 heures après avoir posé sa signature sur ce document qui devait faire date, car une première, et surtout après s’être exprimé de vive voix, que malgré la fronde des militants de l’UDPS, il allait se rallier à ce candidat unique, Félix Tshisekedi, s’est parjuré hier, en retirant sa signature avec comme argumentaire ces bouts de phrases : «Je ne peux aller à l’encontre de la base, ce serait signer la mort de ma carrière politique». Ces mots lâchés sur la radio Top Congo FM, ont fait l’effet d’une bombe, même si les Congologues et autres analystes politiques ne donnaient pas cher, de ce «serment de Genève».
Est-ce le fait qu’un sondage récent lui donnait la préférence des Congolais pour la présidentielle qui ont provoqué ce désistement ? Est-ce la représentativité de l’UDPS qui quoiqu’on dise même avec son mentor qui soit mort, a toujours un maillage du pays ? Ou est-ce simplement de l’égoïsme pur et simple ? Quant au cas Kamerhé, rien d’étonnant car s’il est surnommé le «caméléon» à Kinshasa, ce n’est pas un fait du hasard. Très souvent Kamerhé varie, et son parcours politique sinusoïdal du reste fait apparaître un personnage clivant.
Du PPRD le parti présidentiel qui l’avait hissé comme occupant du perchoir, à la création de l’UNC, Kamerhé aura montré le visage d’un homme politique, qui vogue au gré d’intérêts partisans, voire personnels. La question nœudale à présent est : quel est l’impact causé par la reculade de ces deux «Judas» ? Des sept leaders, il reste cinq, et sans minimiser la force de frappe de ces derniers, il faut compter avec l’effet psychologique causé par le départ de Tshisekedi et Kamerhé. C’est l’implosion du Rassemblement de l’opposition et à 41 jours de la présidentielle, il y a péril dans la maison des oppositions. Non seulement la désignation de Martin Fayulu vient sur le tard, mais, ces défections sont bain peni pour le camp présidentiel, qui n’en attendait pas meilleure occasion.
Car même à ce scrutin à deux tours, cette césure de l’opposition étalée au grand jour, ajoutée à la machine FCC, aux moyens de l’Etat, à l’implication des gouverneurs et de l’administration, et même dans une moindre mesure la position mitigée de la CENI conduite par Corneille Nanga, réputé Kabilacompatible, toutes ces considérations augurent, d’une balance qui penche du côté de Ramazani Shadary. C’est dommage, vu le prix pays par le peuple congolais, par l’Eglise qui s’est échinée à obtenir l’Accord de la Saint Sylvestre, aux militants qui ont bravé les balles pour manifester, dommage, et on en rage, car tout ça pour ça ! A cause de deux individus dont qui dirait la panse dépasse la pensée.
Sam Chris
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