RD Congo : Tshisékédi, les prisonniers politiques et le vernis international

RD Congo : Tshisékédi, les prisonniers politiques et le vernis international

Jusqu’à tard dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 mars 2019, les prisonniers politiques congolais promis au bénéfice  de la mansuétude présidentielle ne savaient pas, si oui ou non, leur papier de libération totale ou conditionnelle était signé.

Seul le dircab. Vital Kamerhé était dans le secret du palais présidentiel et était au parfum des identités de ces grâces présidentielles que sont Firmin Yangambi et Franck Diongo dont les ordonnances de mise en liberté ont été lues à la télévision officielle, agrémentées de commentaires du même truculent Kamerhé.

700 personnes sont concernées par ces mesures de dispense de privation de liberté et c’est une promesse électorale qui se concrétise, même si c’est en demie teinte, car certains, à l’instar d’Eugène Diomi Ndongala, le patron de Démocratie chrétienne, pourtant proche du nouveau chef de l’Etat n’a obtenu qu’une mise en liberté conditionnelle.

Il se trouve donc, que l’esprit du Conseil national de suivi de l’Accord politique (CNSA) de la St Sylvestre de 2016, a royalement été tordu.

C’est que si le président de Démocratie chrétienne est bien un fidèle de Tshisékédi, il fut un farouche opposant de Kabila Junior, or, en RD Congo, il y a bien un président qui a été élu, mais avec l’aval, sinon, l’appui du sortant Kabila, qui garde la haute main sur tout l’appareil législatif (le FCC est majoritaire dans les Assemblées provinciales et au parlement) militaire, et qui pour bien le montrer, est demeuré au palais présidentiel, laissant à son successeur «se débrouiller» pour trouver une résidence officielle.

Tshisékédi a donc assez de problèmes, pour ne pas en rajouter avec cette histoire de prisonniers politiques et c’est tout juste s’il a eu le temps de signer ces mises en liberté, qu’il s’est envolé pour Naïrobi, pour le ‘’One planet summit’’, un prétexte pour pouvoir rencontrer le président français Emmanuel Macron, ouverture vers un élargissement de sa reconnaissance internationale.

«Fatshi» se rappelle des propos du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Diran, au lendemain de la proclamation des résultats en RDC, il est mémoratif de la posture de l’UE sur sa victoire.

Et à l’évidence Naïrobi, lui porte chance, puisqu’il y a à peine 2 mois, il y avait fait un séjour où il fut adoubé, par ce puissant voisin, et voici qu’au cours de ce dîner du 13 mars 2019 avec son homologue français et kenyan, le fils du sphinx de Limété s’offre encore une légitimité internationale, car obtenir un feu vert de la France, quant à son élection n’est pas rien, Martin Fayulu appréciera.

Aller au-delà de ces élections controversées et «avancer» selon les mots de l’Elysée telle est la tonalité de ce dîner tripartite dans la capitale kenyane.

Bien sûr en la matière, la réouverture de la Maison Shengen à Kinshasa, fermée en février 2018, le renouvellement du mandat de la MONUSCO sont entre autres, la contrepartie demandée par l’UE dont la France s’est faite le porte-voix à Naïrobi.

Ainsi, fonctionne la realpolitik, et encore une fois par ces retrouvailles, et par le sillon que se fraie Tshisékédi, on se rend compte que souvent les avis des peuples comptent si peu, dans la balance politique seuls les intérêts des ‘’grands’’ priment.

La Rédaction

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