RDC : Le CNSA, une coquille vide ?

RDC : Le CNSA, une coquille vide ?

Un fruit dont la naissance a posé problème au plan consensuel peut être difficilement consommé. Il a un arrière-goût gorgé de l’amertume de ceux qui n’ont pris part au processus du mûrissement, ou plutôt, qui en ont été écarté. C’est bien là le sort du Conseil national du suivi de l’accord tripartite du 31 décembre de 2016. Il a été accouché dans le dos des prélats, alors que ces derniers devraient être son garant moral, sa police d’assurance qu’elle ne sera pas un «machin» balloté au gré du vent de la volonté des hommes politiques.

Ce qui est finalement arrivé aujourd’hui. En effet, et ce, depuis belle lurette, cet accord politique n’engageait plus que ceux qui voulaient y croire. Joseph Kabila  a essuyé ses savates sur son acte géniteur, l’accord politique, pour ensuite le jeter aux oubliettes de sa marche vers une gouvernance par procuration de la grande République démocratique du Congo. Au grand dam des prélats. Qui l’ont poursuivi d’ailleurs jusqu’à la présidentielle de 2018, essayant de limiter les dégâts. On se rappellera de cette «ingérence» suis generis de la mission d’observation de la conférence épiscopale qui a nié et renié plus de trois fois les résultats sortis des urnes de la présidentielle et qui ont propulsé un certain Félix Tshisekedi à la place d’un autre Fayulu, qui a crié dans un désert de Sahara la force, le hold up, le braquage qu’on lui a fait et qu’il a été obligé de boire jusqu’à la lie.

De fait, Kabila a réussi à phagocyter à ses couleurs, à son humeur, à ses désirs et à ses intérêts tout le processus de sortie de crise. Ce dernier fonctionne donc désormais sous son impulsion, y compris le CNSA, organe indépendant chargé de jouer les arbitres, les surveillants et les gardes chiourmes de la mise en œuvre de l’accord politique.

Alors, pourquoi est-il étonnant qu’il soit amorphe, atone et aphone devant cette «incongruité» qui trace sa route en RDC. Depuis la proclamation de son élection en 2018, Félix Tshisekedi gouverne la RDC sans gouvernement. Aucune lueur à l’horizon ne fait semblant de laisser poindre l’arrivée de cette éventualité. Pendant ce temps, quel ministre administre le pays si ce n’est celui mis en place par le président sortant qui n’est pas du tout sorti et qui reste incrusté dans l’appareil étatique congolais tel un brin de paille dans un œil d’ogre ? Pendant combien de temps cette drôle de gouvernance à double-tête va-t-elle continuer à hébéter les Congolais dans une certaine indifférence quasi générale ? 

Ahmed BAMBARA

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