Depuis la décision de Joseph Kabila de ne pas se présenter à la présidentielle, la République démocratique du Congo vrombit d’autres bruits. Les mots-clés sont désormais «Katumbi, candidat unique de l’opposition, machine à voter et fichier électoral».
Pour Moïse Katumbi, opposant qui veut déposer sa candidature à la présidentielle, mais qui fait depuis lors le pied de grue comme une souris devant une impasse à la frontière de son propre pays, les carottes risquent d’être cuites. Les autorités congolaises ne manquent pas d’arguments pour le maintenir à l’écart de cette élection pour laquelle le pouvoir actuel sans mettre tous les moyens pour gagner. Le dernier en date est la nationalité italienne de Katumbi. On la lui jette sur la face pour expliquer pourquoi «l’Etat souverain» de la RDC ne souhaite pas le voir entrer sur le territoire, et surtout, prétendre déposer sa candidature à la présidentielle.
C’est peut-être là que la déclaration d’intention de six candidats congolais à ce procès peut trouver son sens. Ils ont en effet appelé à une candidature unique de l’opposition pour contrer le «Medvedev» du fils de Laurent Désiré Kabila. Si cet appel venait à être entendu, il est clair que Katumbi aura au moins la consolation de ne pas faire cavalier seul dans son combat, et aussi, les tenants actuels du pouvoir qui ne montrent aucun signe de vouloir le lâcher pourraient être inquiétés des adversaires qu’ils auront en face.
En attendant, la bataille de ces derniers se tourne sur le fichier électoral et la fameuse machine à voter. Concernant le fichier électoral, les opposants pointent du doigt les 10 millions (6 millions, selon la CENI) qui n’ont pas d’empreintes digitales. Lors du dépôt de son dossier le 2 août dernier, JP. Bemba avait longuement échangé sur ce problème avec Corneille Nanga, le patron de la CENI lequel l’avait rassuré. Ses inquiétudes n’avait pas été levées pour autant. C’est une porte pas très bien fermée que les opposants voient d’un très mauvais œil.
Tout comme cette machine à voter sortie du ciel et aussi brutalement apparu que le dauphin du président congolais sortant, Ramazani Shadary. Cette machine est à tout le moins une incongruité dans une RDC en proie aux délestages. Même si la CENI affirme avoir prévu une batterie de mesures pour que tout marche sans couac le 23 décembre 2018, l’éventualité qu’elle marche justement trop bien hante les esprits du côté de l’opposition. Qu’est-ce qui prouve que cette mécanique n’est pas qu’un blanc-seing pour une fraude massive au profit du candidat de Joseph Kabila ? Qu’est-ce qui garantit la fiabilité de cet engin dans un contexte où le fils de Laurent Désiré Kabila a usé de subterfuges et de roublardise pour être toujours au pouvoir alors que son mandat est expiré depuis belle lurette ?
Voilà des questions qui taraudent l’esprit des candidats à la présidentielle au Congo et qui pourraient constituer les ronds-points des prochaines empoignades avec les tenants du pouvoir. En tout cas, cette machine à voter fait l’objet d’une méfiance légitime, car elle est une fabrication du camp présidentiel, pour on ne sait quelle raison. Alors machine à voter ou à flouer le peuple congolais de son vrai choix ?
Ahmed BAMBARA
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