RDC : Quel Medvedev pour Kabila ?

RDC : Quel Medvedev pour Kabila ?

Joseph Kabila maintient le suspense. A une semaine de la fin du dépôt des candidatures  à la présidentielle, il joue avec les nerfs de tout le monde. Y compris de ses propres partisans. A quelques heures de l’échéance, il n’a toujours pas dit s’il sera candidat ou s’il  désignera un dauphin. En attendant, y compris dans son camp, les deux possibilités sont évoquées

Les potentiels remplaçants se succèdent auprès de lui pour des concertations. Pendant ce temps, le parti au pouvoir scande son nom, assurant qu’il ne saurait y avoir d’autres champions mieux que lui pour se représenter à la présidentielle. Et l’argument trouvé peut arracher le respect à un contorsionniste : les récentes modifications opérées sur la Constitution valent changement de Constitution et une virginité politique pour Joseph Kabila, lui permettant de se lancer à la course pour son propre fauteuil.

Le principal a pris le soin de ne rien dire, laissant planer le doute sur son intention. Mais il apparaît de plus en plus que l’option d’un dauphin semble être plus plausible, même si l’on ne sait pas très bien ce qui se peut se tramer sous le chef de Kabila. Qui dans ce cas sera alors le «Dimitry Medvedev» de la RDC ? Aubin Minaku, le président de l’Assemblée nationale ? Augustin Matata Ponyo, l’ex-Premier ministre ?  Ou Bahati Lukwebo, le ministre d’Etat chargé du plan, et autorité morale de la deuxième coalition de la majorité ?  A moins que ce soit Emmanuel Ramazzani  SG du PPRD du parti présidentiel ?

Le choix de Kabila pourrait porter sur ces prétendants qui n’attendent qu’un mot du jeune patron.

Des hommes qui ont prouvé leur loyauté, assez ternes sur le plan de leur personnalité pour accepter jouer les marionnettes, et assez imposant pour ne pas non plus perdre les élections face à des candidats qui en ont du chien. Jean-Pierre Bemba, même s’il  pourrait avoir du fil à retordre avec l’autorité électorale à cause de ce boulet qu’est la condamnation de la Cour pénale internationale pour «subornation de témoins», et Moïse Katumbi, qui a des difficultés pour trouver la clé de la fin de son exil, sont des candidats de taille. Depuis hier, toute la galaxie kabiliste s’est réunie autour du jeune mentor, et un étrange aparté s’y tient individuellement, puis collectivement avec ce dernier, pour trouver, finalement ce mouton à 5 pattes. Qui est prêt à jouer au pantin en acceptant un mandat et céder ensuite la place à Kabila ? Et intérieurement Kabila, doit sourire, car dans sa tête, son choix est déjà fait, reste à vérifier ou à régler certains détails, avant l’officialisation. Car n’est pas Medvedev qui peut, mais aussi qui veut. La RDC n’est pas la Russie ! Et Kabila, malgré, ses 17 ans de pouvoir est un poussin d’hivernage comparé à Poutine.

Mais après l’étape du choix, il y a aussi l’inconnue d’après scrutin. Si jamais Joseph Kabila remportait les élections via son «Medvedev», y a-t-il une chance que ce dernier se comporte comme l’homme lige de Vladimir Poutine l’a été en Russie ? N’existe-t-il pas des possibilités que le nouveau président de la République de la RDC se pousse des ailes d’indépendance et s’émancipe de celui qui l’a posé là ? Une sorte de loup qui se débarrasse de sa peau d’agneau une fois les forces du pouvoir en main et Joseph Kabila en position véritable faiblesse ? Et pire, qui pourrait faire sauter les immunités en vrac et en cascades que l’actuel président a fait voter pour protéger les anciens Chefs d’Etat, y compris lui ?

Ces questions doivent certainement tarauder l’esprit de Kabila fils. Il lui faudrait un homme qu’il pourrait garder sous sa coupe et maîtriser après qu’il aurait accédé au pouvoir suprême. Ou une femme. En effet,  le nom de la première Dame, Olive Lembe, a couru sur les lèvres comme potentiel faire-valoir du président. Quels liens peuvent-ils mieux garantir contre les déconvenues que ceux du sang ? Encore faut-il qu’elle fasse l’unanimité au sein du camp Kabila et surtout, remporte les élections. Mais attendons surtout de voir ce que va décider le fils de Laurent Désiré Kabila.

Ahmed BAMBARA

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