Réclamation de la démission de Boubeye Maïga au Mali : Comment IBK peut-il conjurer le syndrome du 1er mandat ?

Réclamation de la démission de Boubeye Maïga au Mali : Comment IBK peut-il conjurer le syndrome du 1er mandat ?

Un premier ministre est par essence un fusible qui saute lorsque le mercure sociopolitique monte. Est-ce le cas au Mali ? En tous les cas, Boubeye Maïga est sur le gril.

C’est le moins qu’on puisse dire. Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) est dans l’embarras. Son Premier ministre ne fait plus le bonheur de nombre de ses concitoyens. Apparemment, il n’y a que lui qui lui trouve encore des attraits. L’opposition réclame sa démission. Des religieux réclament sa démission. Et jusqu’aux députés de la majorité menacent de faire une motion de censure contre Soumeylou Boubeye Maïga. Des puissants chefs de confrérie musulmane dont l’icône Mahamud Dicko, à l’opposition tous demandent la tête du locataire de la primature.

Mais qu’est-ce qui lui vaut une telle levée de boucliers et de contestations tous azimuts ? A en croire des contempteurs, «rien ne va au Mali». Ils invoquent surtout la situation sécuritaire désastreuse pour exiger le départ du chef du gouvernement, car selon eux, il n’a pas la solution à cette lancinante question et c’est de sa faute. Pour que tout recommence donc à rouler comme sur des roulettes au Mali, il faudrait qu’il quitte le navire de la Primature. Purement et simplement.

La balle est dans le camp du maître de la colline du pouvoir. La pression pèse en vrai sur lui et, observé en ce moment comme la graine plantée d’une espèce curieuse, on attend qu’il donne son avis.

Il a reçu  le mis en quarantaine au palais présidentiel dimanche. Ont-ils évoqué le sujet ? A-t-il été étalé sur la table nacrée du Président afin de peser le pour et le contre ? Possible. Car à vrai dire, si l’insécurité est prégnante au Nord et au Centre du Mali, ce n’est pas la seule faute du PM, mais à tout le pouvoir malien à commencer par IBK himself.

Dans ce cas, IBK a dû certainement exposer  à son Premier ministre la peine que  lui infligeait cette situation. Soumeylou Boubeye Maïga a été l’artisan de sa victoire à la dernière présidentielle. Il s’est vraiment retroussé les manches de son boubou pour lui éviter que les messages distillés par un certain Soumaïla Cissé ne trouvent des échos défavorables à sa réélection. Le débarquer au moment de la «moisson» sera faire preuve d’une véritable ingratitude à l’endroit du Premier ministre. Mieux, il a même fait la ronde des zones où sévissent les terroristes comme son séjour à Menaka le 9 mai 2018, et à l’opposé d’un de ses prédécesseurs, Moussa Mara, cette tournée ne s’est pas soldée par la canonnière.

Douloureux dilemme pour le président malien, à double raison : car, si jamais IBK décidait de garder Maïga, il court un grand risque. Actuellement, c’est contre l’ombre du Chef de l’Etat que sont concentrés les ardeurs des coups. Le Premier ministre confirmé à un simple remaniement ministériel aura peut-être le don de faire grimper sur lui désormais la déferlante de mécontentement qui agite en ce moment opposants, députés de la majorité et guides religieux.

Le sacrifice pourrait être alors la voie au centre des pronostics. Sacrifier l’accessoire pour sauver l’essentiel. Soumeylou Boubeye Maïga saurait certainement ne pas en tenir rigueur au président IBK. Même si s’ouvrira une autre fenêtre à inconnues non moins intrigantes : trouver le remplaçant idéal. Cependant, sacrifier le PM, réveillera ou rappellera le 1er mandat, qui fut tout sauf faste pour les premiers ministres : IBK a dans son cimetière premier ministériel 5 monticules, soit une espérance de vie d’une année pour tout PM, c’est beaucoup, c’est trop. Comment conjurer ce syndrome du 1er mandat ?

Ahmed BAMBARA

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