Après avoir rejeté la demande de renvoi souhaité par la défense, lors de l’audience précédente, le Tribunal militaire, chargé de juger le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015, a suspendu l’audience et renvoyé au vendredi 29 juin 2018. C’était le jeudi 14 juin 2018 à la salle des banquets de Ouaga 2000.
Ce jeudi 14 juin 2018, l’audience, suspendue le mardi 12 juin 2018, devrait reprendre avec la lecture de la décision prise, suite à la demande de renvoi formulée par la défense, dans le but de trouver des avocats commis d’office aux accusés Relwindé Compaoré et le bâtonnier, Mamadou Traoré, qui se sont retrouvés sans conseil et l’interrogatoire des prévenus. Après un retard de 45 minutes, l’audience qui devrait reprendre à 11 heures, a débuté à 11 heures 45 minutes par la lecture de la décision prise. Sans grande surprise, le Tribunal va rejeter la demande de renvoi formulée par Me Bonkoungou, soutenu par les avocats de la défense à l’audience précédente. Le président du tribunal, Seydou Ouédraogo, justifie cette décision par le fait que l’absence d’avocats de certains clients n’empêchait pas la continuité de l’audience et donc, que le procès peut se poursuivre avec l’interrogatoire des accusés, comme annoncé précédemment. L’interrogatoire tant attendu ne va pas débuter à ce 12e jour du procès, pour la simple raison que l’audience sera une fois de plus renvoyée au 29 juin 2018. Cette fois-ci, c’est Me Solange Zéba, avocate de la défense, notamment de l’accusé Moussa Nébié dit Rambo qui sera au centre des débats. Elle a en effet, déposé une requête aux fins de récusation du président du tribunal, Seydou Ouédraogo et de son conseiller Emmanuel Konéné en date du 11 juin 2018, auprès de la Chambre criminelle de la Cour de cassation. Par voix d’huissier, elle informait par la même occasion, le tribunal de sa requête. L’avocate justifie cette démarche, que le marquet militaire, tout comme la partie civile vont qualifier d’irrégulière, par la volonté de parer à l’inertie du secrétariat général de la Cour de cassation. Après avoir remis en cause la régularité, la légitimité et la compétence du tribunal dans sa requête, elle a invité le président du tribunal à surseoir à l’audience le temps que la Cour de cassation rende son verdict. Bien entendu, sa demande ne recevra pas d’écho favorable auprès du procureur militaire, qui va confier que cette requête ne saurait prospérer, du fait qu’elle n’a pas respecté la procédure. A l’en croire donc, il n’appartenait pas à la défense de notifier au tribunal la demande de récusation mais plutôt le secrétariat général de la Cour de cassation, a-t-il soutenu. Partant donc sur cette base, il a simplement invité le tribunal à poursuivre l’audience. Ces mêmes propos seront tenus par les avocats de la partie civile, en l’occurrence Me Hervé Kam. Estimant que la procédure n’a pas été suivie, il explique que la demande formulée n’a aucun fondement juridique. Il voit donc dans cette demande, une volonté affichée de l’auteure de tout faire pour perturber l’audience, une accusation à laquelle Me Solange Zéba ne va pas tarder à répondre : «nous n’avons pas peur du procès». Campé sur sa décision, Me Hervé Kam va inviter la défense à observer le minimum de sérieux, afin que le procès puisse avancer normalement. Il lui rappelle : «ce n’est pas parce que nous sommes dans une salle de fête que nous sommes à une fête».
Il sera soutenu dans ses propos par Me Prosper Farama qui va déclarer : «ça devient déprimant». Il estime que l’on n’est plus dans le débat juridique, ce qui l’amène à déclarer : «ça frise la provocation». En rappelant à Me Solange Zéba que le débat sur la récusation du président du tribunal et de son conseiller avait déjà été mené, en tout début du procès, il va inviter le président du tribunal à poursuivre l’audience, tout comme l’a fait le parquet militaire. Le conseil de Moussa Nébié va rétorquer, en lui rappelant que ce n’est pas parce que certains avocats avaient déjà posé le problème qu’elle n’a plus le droit de le poser de nouveau, tout en estimant qu’elle est dans son plein droit.
Afin de trancher, le tribunal a suspendu l’audience pour quelques minutes. Après s’être concerté avec ses conseillers, Seydou Ouadraogo a rejeté la requête formulée par Me Solange Zéba, sous prétexte que ses conditions d’application ne sont pas respectées. Tout comme le parquet militaire et la partie civile, il va souligner que la requête doit lui être notifiée par le secrétariat général de la Chambre criminelle de la Cour de cassation. Pour une bonne administration de la justice, malgré la requête rejetée, il va renvoyer le procès au 29 juin 2018, à 9 heures.
Thierry AGBODJAN
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