Réexamen du dossier Karim Wade : Le véritable enjeu de l’armistice ‘’Gorgui’’-Sall 

Réexamen du dossier Karim Wade : Le véritable enjeu de l’armistice ‘’Gorgui’’-Sall 

Quel deal se cache derrière le dégel Wade-Sall ? On semble avoir la réponse. On se doutait bien que les accolades chaleureuses entre le président Macky Sall et son ancien «maître» étaient très belles pour être anodines. L’image d’Epinal du 27 septembre dernier lors de l’inauguration de la grande mosquée Massalkoul Jinan à Colobane à Dakar, montrant Wade et Sall, en complicité et la promesse du chef de l’Etat de se rendre prochainement au point E, domicile de Wade est révélatrice que l’épaisse glace entre les 2 hommes s’est brisée. Tout ceci est trop idyllique pour ne pas cacher une anguille.

Et les voix qui s’élèvent pour demander un réexamen du dossier de Karim Wade, ancien ministre «du ciel et de la terre» au Sénégal sonnent un peu comme un scénario dont on imaginait les articulations, c’est-à-dire le clap de fin de ce qui ressemble à un film de la nouvelle télé sénégalaise Sunu Yeuf !

Aujourd’hui, on se demande qu’est-ce qui peut expliquer la raison de vivre de Abdoulaye Wade exilé volontaire à Versailles en France si ce n’est un retour en grâce de son fils, «banni» de son propre pays, sinon déchu de la République et obligé de vivre en exil à plusieurs milliers de kilomètres des frontières du Sénégal au Qatar. Et surtout, à se tenir loin de la course à la présidentielle.

Et tout part et aboutit à ce fils biologique que le père a tenté vainement, maintes fois, de mettre en orbite en politique, et qui n’en démord pas. L’ex-président, retraité francilien est devenu un régulier passager des vols AF-Dakar et la raison de ces va-et-vient s’appelle : Karim Wade qui est le véritable héritier d’Abdoulaye Wade. A ce titre, il est le chef du PDS, l’ancien parti au pouvoir. Un chef en exil, c’est bien, mais un capitaine en contact direct avec le gouvernail de son navire est nettement mieux. S’il doit figurer une dernière bataille à mener sur l’ardoise des combats de Gorgui, c’est bien de voir son fils gravir les marches du palais présidentiel. Sur ses traces. Une annulation des charges judiciaires qui pèsent sur les épaules de Karim Wade serait la clé qui ouvrirait la porte à toutes ces possibilités.

Ce qui reviendrait aujourd’hui à comme escalader le Mont Everest. Pas impossible. Mais coriace mais pas irréalisable, vu l’accélération des choses, car si le vieux n’a jamais digéré d’avoir été terrassé en 2012 par celui-là même à qui il a remis sa 1ère carte du PDS en 1987, la realpolitik l’astreint à fumer le calumet de la paix avec Macky Sall. Et le madré de Gorgui sait s’y prendre, tandis que l’actuel locataire du palais présidentiel semble être disposé à jouer le jeu.

Les choses ne vont pas être aussi simples qu’avec Khalifa Sall. Les procédures judiciaires ne sont pas les mêmes. Et les «problèmes» de Karim Wade équivalent le titre qu’on lui avait attribué : ministre «du ciel et de la terre». Mais il faut compter avec la puissante confrérie Mouride, qui semble avoir tranché une partie du nœud gordien. Et chacun de penser à une amnistie du prince, à l’égard du célèbre métis du Sénégal.

Mais, une grâce présidentielle à ce stade serait trop flagrante. Alors, il n’est pas exclu qu’un laboratoire ait été mis en place pour réfléchir à la manière la plus légale et la moins rocambolesque possible pour mettre tout ceci en musique.

Enfin, il ne faudra pas s’attendre à ce que tout le monde saute de joie devant cette reculade juridico-politique. Si Amnesty international et compagnie ont pris fait et cause pour le fils de l’ancien président, réclament une étude à nouveau de son dossier, d’autres voix pourraient sonner dans la discordance. Ainsi en est-il de Farba Senghor ex-cacique du PDS qui a martelé, que si jamais Karim était absous de ses délits, Macky ne gouvernera plus le pays ! Et pire, ces oppositions à un blanchiment de Karim peuvent venir du camp même d’Abdoulaye Wade. Tous les caciques du PDS ne sont pas particulièrement friands du règne dynastique à la tête du parti. Or le pater familia à défaut de léguer son parti à un fils spirituel tel Idrissa Seck, qui l’a déçu, préfère son fils biologique, le sang ne ment pas et est fidèle ! Des manœuvres pour freiner ce retour en grâce ne seraient pas étonnantes si elles venaient à poindre. Mais si Wade et Sall le veulent tout deviendra possible. Même si la sortie d’hier 21 octobre 2019 de l’ex-maire de Dakar, ex-pensionnaire de la prison de Rebeuss peut laisser à réfléchir !

C’est donc un nouveau combat ardu dans lequel se sont lancés père et fils. Mais après quasiment une décennie de disette, la différence ne devrait pas être si éprouvante.

Ahmed BAMBARA

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