Référendum constitutionnel au Tchad J-5 : La Realpolitik de Succès Masra

Référendum constitutionnel au Tchad J-5 : La Realpolitik de Succès Masra

A J-5 du référendum constitutionnel au Tchad, censé trancher sur une décentralisation de l’Etat ou son fédéralisme, les différents camps sont à fond dans la campagne soit pour le «Oui», soit pour le «Non».

Naturellement, le Mouvement patriotique du salut (MPS), l’ex-parti au pouvoir, milite pour le Oui, aidé en cela par ses alliés. Leur argument, un Tchad décentralisé, mais  «uni et indivisible», c’est le leitmotiv du pouvoir pour cette campagne référendaire.

Pour les partisans du «Non», l’unité de façade du Tchad, cache en vérité un terreau fertile aux rébellions, crises et conflits intercommunautaires, si ce n’est des guerres larvées. L’opposition dans sa majorité, est anti-constitution unitaire et prône plutôt le fédéralisme, à écouter en tout cas Brice MBaimon, le coordonnateur national de Guedmbaye.

Le texte soumis à référendum avait passé le cap du parlement en juin dernier, et vise à rétablir le retour à un Etat de droit depuis que Deby fils a succédé à son père le maréchal Idriss Deby Itno.

Entre les zélotes du «Oui» et du «Non», il y a au milieu, les boycotteurs, regroupés au sein de la plateforme Groupe de concertation des acteurs politiques (GCAP) qui estime que «Oui» ou «Non» c’est bonnet blanc, blanc bonnet, car le quotidien des Tchadiens ne changera point.

A la vérité, pour de nombreux analystes, la dévolution du pouvoir au Tchad,, filiale à minima, et «coup d’Etat» pour d’autres, chercherait à légaliser et légitimer son pouvoir, car on voit mal, comment Deby fils abandonnerait son fauteuil pour un civil ou autre militaire élu.

Il faut donc mettre les formes, et au détour d’un toilettage de la Loi fondamentale axée sur la forme de l’Etat, on pourrait faire passer la pilule. Car jusqu’à présent, on ne sait pas si élections il y a, Mahamat Deby sera ou non candidat ? S’il ne l’est pas, qui pour se faire élire, dans ce Tchad ou le pouvoir, depuis l’assassinat de François Tombalbaye, a toujours été au bout du fusil ?

En clair, les boycotteurs ont peut-être touché le cœur du problème, mais seront politiquement minoritaires donc auront tort.

Dans cette Tour de Babel, la voix de Succès Masra a retenti et il appelle les militants de son parti à voter «Oui». Pouvait-il en être autrement pour le patron des Transformateurs ? Que nenni, car l’Accord signé entre ce dernier et le gouvernement tchadien à Kinshasa, sous l’égide du président congolais Félix Tshisekedi, cet accord du 3 novembre dernier satisfait largement Masra, lequel dans la foulée a regagné N’Djamena le 6 novembre courant.

Le voilà appelant à voter «Oui», faisant preuve ainsi de realpolitik, mais aussi de posture d’homme de parole, chevaleresque même si en politique la trahison et les coups bas sont la règle.

Obtenir un quitus pour revenir au pays après les graves évènements du 20 octobre 2022, au cours duquel, plusieurs dizaines des Transformateurs ont perdu la vie, mener allègrement depuis plusieurs semaines, ses activités politiques, tout ceci a une contrepartie. Il faut accompagner le gouvernement de Transition du Gl «Kaka» (surnom du président Mahamat Deby).

Mais au-delà, Succès Masra semble vouloir la réconciliation si tant est que chaque partie est sincère. C’est vrai qu’il y a eu dans le passé des Accords politiques qui ont fini en eau de boudin. Mais, mieux vaut tard que jamais, et il faut toujours essayer.

Et Masra se met dans des dispositions d’un retour du vivre-ensemble pacifiquement. Sera-t-il rejoint par les autres opposants, partisans du «Non» ou du Boycott ?

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR