Gao, Tessalit et Tombouctou seront d’ici quelques mois au Mali, ce qu’est la base américaine de Bagram en Afghanistan. Vidés de leurs soldats tricolores, qui y étaient depuis plus de 8 ans. C’est ce qui ressort comme une des décisions-phares du sommet du G5 Sahel tenu en virtuel ce 9 juillet 2021, avec tout de même en présentiel Mohamed Bazoum, président du Niger aux côtés de son homologue français à Paris.
Acté il y a juste un mois, suite au double putsch au Mali avec un zeste de soupçon d’une plausible négociation des autorités maliennes avec les terroristes, si ce n’est la peur d’un bourbier sahélien, le départ progressif d’une partie des 5 100 soldats français, se fera d’ici décembre 2021.
A terme en 2022, entre 2 500 et 3 000 soldats tricolores resteront au Sahel. Paquetage et retour en France au Mali, mais statu quo à Ouagadougou, avec l’opération sabre, qui restera l’arme en bandoulière. Mais surtout, renforcement de la remplaçante de Barkhane, Takuba notamment au Niger. Ce changement tactique explique la présence du n°1 nigérien en France pour quelques raisons :
– Diffa, Tahoua et Tillabéry les souffre-douleurs de ces terroristes. Il faut donc s’y préparer et d’ailleurs la veille de son déplacement parisien, Bazoum était à Diffa.
– Ensuite à l’évidence, Macron souhaite avoir pour point focal au Sahel, Bazoum dont l’exemplarité de l’élection et la hardiesse des soldats malgré quelques déboires, sont à saluer.
Bazoum pourrait un peu être l’AS de cœur sur lequel compte jouer la France, dans cette lutte contre le terrorisme. Au moment où on s’apprête à carapacer Takuba avec l’arrivée de 8 pays que sont l’Estonie, le Portugal, la Suède, la France, la République Tchèque, la Belgique, l’Italie et les Pays-Bas, au Sahel, il faut bien un pays concerné au premier chef pour jouer au superviseur de ce danger pour le continent mais aussi pour l’Europe, le Sahel étant le verrou naturel contre l’entrée en occident de ces croquants sanguinaires.
Mais si Mohamed Bazoum veut bien endosser le boubou de «chef de guerre» sahélien pour servir cette noble cause qu’est la lutte contre le terrorisme, ce sera à certaines conditions même s’il a précisé qu’il les pose en tant que chef d’Etat du Niger mais pas au nom du G5 Sahel : Le Sahel veut bien le concours de la France ou tout autre pays pour guerroyer contre les terroristes, mais ce n’est pas aux soldats français ou d’ailleurs de venir offrir leur poitrail pour défendre les Sahéliens.
Ce n’est pas ce qu’on attend de ces alliés a laissé entendre en substance Bazoum, pour qui les soldats nigériens sont aguerris à présent ainsi que les Fama et les FDS burkinabè et ce qu’ils attendent, ce sont les couvertures aériennes, l’assistance technique et l’accompagnement au combat.
Un langage de vérité que n’a pas daigné démentir ou nuancer Macron pour lequel cette position du président nigérien épouse un peu les contours de la nouvelle conception guerrière de la France au Sahel et en plus in petto, si le Français ne le dit pas, à l’orée de la présidentielle 2022, une embellie ou un changement des pendules sur les dunes de sable sahélien compteront beaucoup dans les isoloirs .
Quant au Mali, agacé aux entournures par la salve véridique de Bazoum, ses autorités ont protesté certes auprès de l’ambassadeur nigérien à Bamako, mais qui peut affirmer que cette sortie est totalement erronée ?
Encore que c’est une position partagée par l’UA et Bazoum a pris le soin d’ailleurs de faire le distinguo entre les situations au Mali et au Tchad.
Enfin on ne se refait pas, c’est du Bazoum politique et philosophe en plus c’est-à-dire dans cette ébriété sahélienne, libre dans sa pensée en quête de sagesse, de vérité et du Bien .
La Rédaction
COMMENTAIRES