Réforme du F CFA par rapport à l’Euro : Le coup de talon du président béninois

Réforme du F CFA par rapport à l’Euro : Le coup de talon du président béninois

Si c’était lors d’un match de football, ce serait le président béninois, qui, d’un coup de talon, enverra le ballon au fond des filets autour desquels les autres joueurs sur le terrain le faisaient tourner depuis tant de temps.

Au détour d’une interview avec RFI et France 24, diffusé le 9 novembre dernier le président Patrice Talon a en effet annoncé le retrait très prochain des réserves de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui sont déposées auprès du Trésor français pour en garantir la convertibilité continue. C’est dire que c’est un gros grisby africain qui sera déposé dans différentes banques disséminées à travers le monde. Cette procédure entraînerait définitivement la fin de l’arrimage du F CFA à l’embarcation jugée stable de la France, via le hors-bord de l’Euro. Et dessinerait du même coup les traits de la nouvelle monnaie dont les cellules sont toujours en gestation et qui s’appellera, si elle venait à voir le jour, Eco, une monnaie sous-régionale dont on en parle depuis les années 80 et qui sera in fine mis sur les fonts baptismaux en 2020, selon les vœux des chefs d’Etat de la CEDEAO.

C’est désormais une éventualité inéluctable selon le n°1 béninois qui brise là officiellement une omerta. Car si des intellectuels comme Kako Nukukpo, ou même président tel Idriss Deby du Tchad sont des partisans de cette déconnexion CFA-Euro, rares sont les chefs d’Etat qui osent donner autant de détails tels que Talon et même un timing. Car, il régnait toujours comme une chape de plomb faite de pudeur et de crainte mélangée un peu à une peur du lendemain (ou des conséquences immédiates) sur l’affaire. Tel un bulldozer, le président béninois est venu enfoncer et faire tomber ce tabou qui enserrait la gorge de ce débat au sein des chefs d’Etat.

Il faut dire qu’apparemment, c’est surtout au niveau des instances dirigeantes que les hésitations et même des défenses en règle continuent de faire leur bonhomme de chemin. Au niveau des populations, des intellectuels, des auteurs, de la presse, des activistes de la société civile, le choix est déjà clair et tranché : le F CFA doit être abandonné ainsi que tous ses attributs qui rappellent de façon désagréable le passé colonial. Et cette fin doit signifier vraiment le mot fin, c’est-à-dire que le cordon ombilical que représentent les émissaires de la France au sein du Conseil d’administration de la BCEAO de même que les réserves africaines dans le trésor français doit être purement et simplement rompu. En effet, on attend de voir la faisabilité d’un tel largage des amarres du CFA relativement à l’Euro car cela implique également des devoirs et c’est aux Africains de décider de tout.
Avec cette sortie, le président Patrice Talon marque clairement sa position. Est-elle partagée par les autres chefs d’Etat de la sous-région ? Le ministre français des finances Bruno Le Maire a rebattu la même rengaine entonnée par la France depuis un bon moment sur cette affaire de F CFA. Que la «mise à mort» du F CFA doit être demandée et formulée clairement par l’ensemble des pays francophones qui ont en partage cette monnaie et que la France n’allait pas se démener outre mesure pour entamer cette procédure. En effet, vrai ou faux, parmi les chefs d’Etat concernés, certains sont soupçonnés de ne pas vouloir ce désarrimage vieux de plus de 5 décennies.

Comme quoi, la balle est dans le camp des Etats africains. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire se mettront-ils d’accord avec le Burkina, le Bénin, le Togo et le Mali pour envoyer cette demande, qui sera pour le moins historique et gravée dans les annales de la mémoire intemporelle, à l’Elysée et être prêts à en subir les probables conséquences bonnes ou … périlleuses ?

Ahmed BAMBARA

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