Réforme du système de rémunération des agents publics de l’Etat : «Les recommandations sorties de cette  rencontre ne nous engagent pas» CGT-B et CSFP

Réforme du système de rémunération des agents publics de l’Etat : «Les recommandations sorties de cette  rencontre ne nous engagent pas» CGT-B et CSFP

 

La Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) et la Coordination des syndicats de la fonction publique (CSFP) ont animé conjointement, une conférence de presse, ce jeudi 28 juin 2018, à Ouagadougou, pour donner leur lecture de la situation nationale. La rencontre s’étant tenue quelques jours après la clôture de la conférence sur la rationalisation du système de rémunération, les deux organisations ont déclaré ne pas se sentir concernées par les recommandations de la réunion qui, selon elles, avait pour unique objectif, d’aller vers une réduction de la masse salariale.

Les 12, 13 et 14 juin, s’est tenue à Ouagadougou, une «conférence nationale sur le système de rémunération des agents publics de l’Etat». Quelques jours après la clôture de cette rencontre, la Confédération générale du travail (CGT-B) et la Coordination des syndicats de la fonction publique (CSFP) ont jugé opportun de donner leur lecture de la situation. Le porte-parole de la CSFP, Souleymane Badiel, a déclaré que le boycott de la CGT-B et de plus d’une trentaine de syndicats essentiels de la fonction publique, a semé un désarroi perceptible dans les conclusions des travaux où il est question de «travailler à l’inclusion de tous les syndicats dans la négociation du moratoire (trêve) ; négocier l’accalmie avec les syndicats de la fonction publique».

Selon lui, au sortir de cette rencontre, on note qu’elle n’a pris aucune décision et s’est contentée de faire des recommandations qui, pour la plupart, sont générales et souvent vagues, laissant ainsi, toute la latitude au pouvoir de définir les mesures à mettre en œuvre suivant les orientations de sa politique. M. Badiel a affirmé qu’en scrutant les recommandations, elles peuvent être réparties en deux groupes. Le premier groupe annonce clairement, un certain nombre de mesures qui, pour l’essentiel, remettent en cause las acquis démocratiques et sociaux des travailleurs. Il s’agit notamment, de celles qui recommandent de :

«mieux encadrer le droit de grève par la relecture de la loi 045-60/an du 25 juillet 1960 portant réglementation du droit de grève des fonctionnaires et agents de l’Etat» ;

«réorganiser et encadrer par des dispositions législatives, le système de rémunération des agents publics, y compris leur mécanisme de révision» ;

«exclure les négociations sectorielles relatives aux revendications sur les traitements salariaux au profit de négociations collectives» ; «impositions de tous les revenus conformément à la loi», notamment l’application de IUTS sur les indemnités ; etc.

Pour la CSFP, à ces mesures, il faut ajouter la diminution drastique des effectifs de recrutement aux concours directs à cette session de 2018 que le pouvoir lui-même évalue à 40%. Elle a poursuivi que le second groupe comporte lui, une batterie de recommandations vagues dont on a du mal à cerner les modalités de mise en œuvre pratique.

«La conférence a totalement occulté la principale question de fond qui impacte négativement la gestion de la richesse nationale dont les salaires des agents publics : les nombreux crimes économiques impunis qui ont jalonné le parcours du régime déchu et qui reprennent de la vigueur, sous le pouvoir du MPP et associés», foi des conférenciers.

Ils ont laissé entendre qu’à l’heure actuelle, les délinquants à col blanc qui doivent plus de 2000 milliards à l’Etat circulent librement et en toute impunité. Ce qui les amène a s’interroger : est-il de trop d’exiger que le gouvernement du MPP s’attaque aux crimes économiques, une cause essentielle du marasme économique du pays, au lieu de s’en prendre aux pauvres travailleurs de la fonction publique à qui l’on demande de serrer la ceinture ? Pourquoi le Premier ministre et son gouvernement sont-ils totalement muets sur cette question de crimes économiques et se montrent frileux de l’idée de débat sur la richesse nationale et sa gestion ? Que veulent-ils cacher et qui veulent-ils protéger ? Quel véritable développement peut-on asseoir sans que l’on ait le courage et l’honnêteté de s’attaquer à ces questions ?

 

Des syndicats divisés ?

 

Le secrétaire général adjoint de la CGT-B, Norbert Ouangré, a souligné que les désaccords entre syndicats sur la conférence ne signifient pas qu’il y a désormais rupture. Il a rappelé que ce n’est pas la première fois que face à des questions d’enjeu important que tous les syndicats ne partagent pas le même avis« En rappel, sur les questions du PNDES, du Sénat, on n’ a pas eu la même attitude ».Toute fois M. Ouangré a précisé que cela n’empêche pas que sur d’autres questions, le mouvement syndical continue de travailler ensemble.

A propos de la déclaration du chef de l’Etat selon laquelle la conférence ne peut pas décider de la suppression d’institutions, les conférenciers ont soutenu que les recommandations telles qu’elles sont faites laissent la latitude au gouvernement d’aller prendre dedans ce qui sert sa politique. «La déclaration du PF nous conforte que nous avons bien fait de ne pas aller à cette conférence», ont-ils conclu.

Aline Ariane BAMOUNI

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