L’opposition a réclamé des réformes ? Elle a eu ses réformes. Elles ont été adoptées. Les mandats consécutifs à la tête de l’Etat ont été limités. Cinq ans deux fois. Pas plus. Mais la procédure de cette révision est assez cocasse pour être notée. Le texte originel qui a été soumis aux députés avaient inscrit sept ans dans la durée du mandat.
Pendant les débats, l’opposition dit qu’elle ne votera pas si le texte reste en l’état. Suspension d’une heure. Cela a suffi pour modifier le projet de loi. Et à la reprise, les sept ans sont miraculeusement réduits à cinq. Et le texte passe avec 90 voix sur 91 ! Bravo !
Maintenant, analyse. La limitation des mandats est désormais consacrée au Togo. Une bonne chose si l’on lit les déclarations qui avaient fait mouvoir les opposants contre le président Faure Gnassingbé. Toutefois, les slogans qui avaient vrombi pendant les longs mois de manifestations disaient aussi que le président Faure Gnassingbé devrait partir du pouvoir dès 2020, date de fin de son mandat actuel.
Mais les députés ont pris le soin de dire que les nouvelles dispositions ne sont pas rétroactives. Les mandats déjà consommés par l’actuel président ne sont pas pris en compte par le compteur d’années passées au pouvoir. Au décompte donc, sous le prisme des nouvelles réformes, le fils d’Eyadema a droit à se présenter en 2020. Et s’il gagne la présidentielle, il pourra se représenter en 2025. Et il pourra rester ainsi dans son fauteuil jusqu’en 2030. Faure Gnassingbé plus fort donc.
Toutefois, pourrait-on s’attendre à un autre coup de théâtre ? Ce serait une surprise fort agréable pour certains opposants si le fils de la «dynastie» renonçait à se présenter aux prochaines élections. Ce serait une bonne manière pour lui d’économiser des lendemains instables au Togo, car 38 ans de règne du père plus les 25 ans du fils font 63 ans pour la fratie Gnassingbé. Le patriarche depuis Pya où il se repose ne désavouerait pas celui qui tient son sceptre depuis 2005. Mais Faure sera-t-il assez fort pour tenir face à un peuple togolais qui n’a sûrement pas désarmé ?
Ahmed BAMBARA
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