La Côte d’Ivoire n’a pas fini totalement avec l’interminable embardée politico-militaire sanglante des années 2010-2011 qui s’était soldée par 3 000 victimes. Le Game of Thrones ayant opposé Ouattara à Gbagbo après les élections et les affres de la guerre civile de l’époque, n’ont pas encore vu ses scories, ses douleurs et ses réminiscences terminées.
La preuve par la remise hier 6 juin 2024 de 14 corps à leurs familles, des victimes de cette bêtise, des hommes pour le pouvoir. Ces tués viennent surtout d’Abobo et de Yopougon, il en reste d’autres du Cavaly, Giglo, Toulepleu, Duekué…
Présidée par la ministre de la Solidarité et de la Cohésion sociale, Myss Belmonde Dogo, cette remise des 14 cercueils contenant les restes mortels de tués de cette guerre pour le pouvoir, s’inscrit dans la volonté des autorités de faire le deuil à dose médicale (d’autres corps seront remis) afin de fermer petitement mais inéluctablement cette douloureuse parenthèse pour laquelle, beaucoup d’Ivoiriens appellent la Réconciliation de leurs vœux.
Une réconciliation à laquelle souscrit l’Etat, puisque selon la ministre, le chef de l’Etat instruit l’érection de stèles à la mémoire de toutes ces victimes dans les régions-martyrs.
Car si l’on s’accorde à dire que Ouattara est un homme d’Etat, qu’il tire la Côte d’Ivoire vers le haut, pour ce qui est de la réconciliation, beaucoup de choses ont été faites, mais des réglages restent toujours à être effectués.
Et pas seulement dans les histoires d’amnistie de Gbagbo, Blé Goudé … Non, il y a le retour des exilés qui est déjà un grand pas dans cette catharsis nécessaire pour la cohésion sociale, mais il y a tous ces morts, dont finalement, on ne sait pas qui les a tués ?
Laurent Gbagbo a été acquitté par la CPI pour ces assassinats d’Abobo et autres. Alors, si l’on a opté de sacrifier la justice sur l’autel de la paix de la concorde et de la réconciliation, il faudra aller franco !
Après la remise de ces corps, les funérailles devront être prises en charge par le gouvernement, et même des délégations gouvernementales devront se rendre chez les veuves et orphelins. Pour tout dire, ces remises de corps participent à cette réconciliation, mais ce n’est pas tout.
En plus d’une décennie, si la Côte d’Ivoire s’est remise debout, c’est parce qu’un travail a été fait, il faudra le parachever. Surtout à l’orée de 2025, année électorale, année d’une présidentielle, année délicate s’il en est.
La Rédaction
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