Remise des 2 passeports à Gbagbo : Chronique d’un retour chèrement négocié

Remise des 2 passeports à Gbagbo : Chronique d’un retour chèrement négocié

En recevant ses 2 passeports (ordinaire et diplomatique) ce 4 décembre 2020, des mains de hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères ivoirien, sur cette célèbre avenue Louise de Bruxelles, Laurent Gbagbo, s’est dit convaincu dans sa tête, que la posture christique dans laquelle il était prostré depuis plus d’une décennie pourrait prendre fin d’ici quelques jours.

Transfèrement le mercredi matin 30 novembre 2011 à la CPI, interminable procès, mics-macs entre la procureure Fatou Bensouda et les juges, acquittement, liberté conditionnée, résidence surveillée à Bruxelles … tout cela pourrait appartenir à un temps révolu.

Car ces 2 sésames ouvre-toi qu’il vient de recevoir, sont synonymes en partie d’un come back en Côte d’Ivoire, son pays qu’il a quitté dans des conditions indignes d’un homme qui l’a dirigé. Des conditions, il en est question actuellement, car s’il a fait l’aller-simple Abidjan-La Haye, son retour Bruxelles-Abidjan devrait être bien orchestré, protocolairement, politiquement et surtout judiciairement. Sur le plan protocole, c’est à son fidèle lieutenant, Adoa Assou, que Gbagbo a chargé de s’en occuper.

Et si tous les avantages liés au statut d’ancien chef d’Etat, notamment la loi n°2005-201 de juin 2005 laquelle loi précise que Gbagbo a droit à un service de sécurité, à un cabinet, à des véhicules et chauffeur et à divers émoluments, si ces avantages intéressent l’encore réprouvé de Bruxelles, c’est sans doute, son avenir politique qui turlupine le fondateur du FPI.

Tous les Ivoirologues sont convaincus que même à 75 ans, et après l’intermède de la CPI, Gbagbo n’a pas encore fait le deuil d’une partition politique. A-t-il encore des ambitions pour 2025 ? Comment compte-t-il réorganiser le FPI ? Va-t-il adouber enfin Affi N’Guessan, qui se sera donné tant de mal à cette élection du 31 octobre, pour ôter l’étiquette de «vendu» qui lui colle à la veste ? Que fera-t-il de ce retour au bercail ?

Evidemment l’horizon politique de Gbagbo est consubstantiel, c’est-à-dire intimement lié à l’existant judiciaire. Car si ce dernier se libérait définitivement de la camisole étriquée de la CPI, il est un autre glaive judiciaire, national, celui-là qui pend encore sur sa tête : sa condamnation à 20 ans pour le sac de la BCEAO, peine que seul Alassane Ouattara, l’actuel président peut commuer en grâce de par son pouvoir discrétionnaire. On imagine que le retour de Laurent Gbagbo va se jouer sur ce terrain judiciaire là, la seule hypothèque qui peut encore troubler sa venue en terre  d’Eburnie.

Qu’exigera Ouattara en échange de cette éventuelle mansuétude présidentielle ? Jusqu’où peut aller Gbagbo pour être libre à Abidjan, sans ne pas perdre son âme ?

Tout étant négociable et les 2 personnalités se connaissant suffisamment, et s’étant combattus âprement, un gentlement agreement est possible. Reste à en dresser rapidement les modalités, préparer les esprits des différents camps pour ce retour attendu et redouté.

Sam Chris

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