Remises de 47 restes mortels de victimes de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire : Bon début de la réconciliation à Blolequin-Toulepleu et Guiglo

Remises de 47 restes mortels de victimes de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire : Bon début de la réconciliation à Blolequin-Toulepleu et Guiglo

C’est connu en Afrique. «Pas de corps, pas de deuil», et de facto, pas de pardon, ni de réconciliation surtout lorsque les décès sont liés à une bagarre ! En Côte d’Ivoire, 12 ans après l’interminable embardée politico-militaire, avec ses 3 000 victimes post-électorales, le pouvoir actuel a décidé de restituer des corps de ces martyrs malgré eux à leurs parents.

A Blolequin, Toulepleu et Guiglo, 47 restes mortels ont été remis à leurs familles hier 8 mars. Exhumés en 2015 pour des raisons judiciaires, ces corps étaient conservés à la morgue de IVOSEP de Treichville, et doivent prendre le chemin des différentes localités, sans que les familles aient eu accès aux différentes autopsies.

Ces remises de corps à leurs familles est la concrétisation d’une promesse gouvernementale faite par le premier ministre Patrick Achi, le 15 novembre 2022 à Duékué. Duékué souffre-douleur de cette tambouille de 2010-2011, où à l’entrée de la ville se trouve une fosse commune, Duékué est concerné au premier chef par ces restitutions de restes, encore faudra-t-il excaver ces fosses communes qu’on dit disséminées dans les localités.

Hier à Guiglo, 6 corps étaient concernés par cette restitution, et chacune des familles a reçu un peu plus d’1 million de F CFA. D’ailleurs, le décompte actuel des ayants-droit des victimes ayant été dédommagés s’élève à 4 410. Après les dédommagements pécuniaires, il appartient aux familles de récupérer les restes pour leur donner  des sépultures dignes.

C’est un début pour l’apaisement des cœurs, prélude au deuil, au pardon et à la réconciliation véritable. Les autorités ivoiriennes ont bien perçu cette corrélation, et on ne peut que saluer ce commencement même s’il convient de mentionner que sur ce plan, la montagne ne fait que commencer à accoucher, on est en phase du «début du travail» (terme pour indiquer le début d’un accouchement).

En effet, non seulement, sur le nombre de victimes, il y a toujours problème, mais certaines communautés se disent ne pas encore être concernées par ces gestes d’apaisement, ce qui est sources de crispations. Les tueries de cette période sombre de la Côte d’Ivoire n’ont pas encore livré tous leurs secrets, d’ailleurs, les connaîtra-t-on jamais un jour ? Mais enfin, s’intéresser à ce qui demeure source de rancœur, de désirs revanchards, c’est-à-dire les tués, c’est déjà un premier pas vers la solidité du vivre-ensemble.

Si aujourd’hui, on convient qu’en matière de développement économique, de réalisations d’infrastructures routières, le pays d’Houphouët-Boigny a fait un bon depuis 2010, le désir d’en découdre, miasmes inextinguibles des violences post-électorales reste prégnant. Il faut tôt ou tard tourner cette page noire, et il faut aussi commencer par quelque-chose. Loin des discours, de la création du ministère de la Réconciliation (ce qui n’est pas mauvais en soi) ou de structures chargées de la réconciliation telle que la CVDR, ce sont de tels actes qui marquent plus dans la marche vers cette véritable paix, celle des cœurs et des esprits et non la paix fourrée et fragile.

La REDACTION

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