Rencontre Bédié-Gbagbo  à Bruxelles : Le combat homérique se profile en Côte-d’ivoire

Rencontre Bédié-Gbagbo  à Bruxelles : Le combat homérique se profile en Côte-d’ivoire

La rencontre a finalement eu lieu à Bruxelles. A l’autre bout de la terre du pays d’Houphouët. Loin de la terre d’Eburnie. Mais pourtant si proche de son principal enjeu immédiat : la présidentielle de 2020. En 2015, personne n’aurait parié un plat de garba sur cette possible rencontre, ce rapprochement improbable. Mais en 2019, c’est pourtant chose possible et faite.

Ce n’est pas encore la fusion. On n’est pas encore au stade de candidature unique. Pas encore le moment de la déclaration explosive d’un tandem. Mais c’est un acte marquant et remarquable. Laurent Koudou Gbagbo et Henri Konan Bédié, ont apposé leur signature au bas d’un même document. Et au opportun, il risque d’apparaître comme l’ancêtre de l’arme qui aura des dégâts dans la cuirasse du RHDP. Ni épousailles, ni fiançailles, mais, presque une prédote, anti-chambre du mariage, que les partisans des 2 personnalités espèrent ne plus être celui de la carpe et de la tortue.

L’ambition de HKB ne joue pas à cache-cache. Elle imagine et veut dessiner un bélier à droite tête pour pilonner la forteresse de Alassane Ouattara, quelque peu lézardée par la rupture de bans fracassante d’avec un certain Guillaume Soro et son ancien allié de deux mandats, le ci-devant patron du séculaire PDCI-RDA.

Le bélier à trois têtes se nommera peut-être Soro-Bédié-Gbagbo, si le Sphinx de Daoukro arrive à boucler le marathon qu’il s’est fixé de lancer.

On sait que ce trio, qui devrait s’avérer infernal au cuirassé de ADO, a un pied-bot. Il reste à ce que les 3 puissent s’entendre vraiment, car le ralliement de Soro à ADO, en 2010, est resté au travers de la gorge d’un Gbagbo. Mais ils auront en face soit un Gon Coulibaly, soit ADO himself, et le combat promet d’être homérique. Celui-ci ne doit pas être dans un des compartiments le plus chaleureux du cœur de Laurent Gbagbo. L’estomac sentimental de l’ancien chef d’Etat ivoirien a dû trouver coriace la digestion de la trahison que le patron des Forces nouvelles a fait avaler au Woody de Mama, en choisissant de basculer dans le camp d’Alassane Ouattara, alors qu’il l’avait pourtant choisi comme Premier ministre. Ce ne sont pas des traîtrises qu’on n’oublie facilement. Et même si les jonctions les plus improbables sont possibles en politique, il y a des cohabitations qui risquent de s’avérer difficile si jamais l’attelage réussissait à franchir la chape de la présidentielle et à reprendre le pouvoir.

Du reste, il n’est pas certain que Guillaume Soro veuille vraiment partager le fauteuil présidentiel. Jusque-là confiné à jouer les seconds rôles et les «deuxièmes personnalités», la probabilité qu’il veuille enfiler la même tenue reste très mince.

Cependant, les trois hommes politiques sont conscients d’une réalité. Il est difficile de remporter une présidentielle en Côte d’Ivoire sans s’appuyer sur des alliés sûrs et de taille. Guillaume Soro seul face à un possible tandem Gbagbo-Bédié et au mastodonte du RHDP risque de perdre des plumes, s’il ne se perd pas lui-même.

Alors, la réalité du terrain, la force de persuasion de Bédié et une bonne dose de pardon dans le cœur de Laurent Gbagbo convaincront-ils le «jeune rebelle» ? 2020 semble proche. Mais pas assez pour que des revirements se produisent. Et encore, il faudra aussi ne pas croire que les bisbilles au RHDP, et le choix non encore définitif du ‘’Lion’’ Gon Coulibaly sont anodins. Il n’est pas évident que cette citadelle du parti houphouëtiste unifié soit si prenable que ça. D’où la prudence de sioux que devra observer chaque camp. A commencer par ceux qui ne sont pas au pouvoir, c’est-à-dire Bédié et Cie . UNE

Ahmed BAMBARA

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