En début juillet, ADO et le Woody de Mama ont eu un contact téléphonique. Que se sont-ils dit ? «Ouais, le Bramogo(1), je suis de retour hein !». «Oui, j’ai vu ça ! On se djo (2) d’ici là !». Peut-être cet échange qu’on aurait pu écouter dans un garbadrome. Sauf qu’on n’est pas dans un kiosque de vente d’attiéké ivoirien, mais bien dans un environnement ivoirien marqué par un contexte de réconciliation, avec en toile de fond une crise qui a fait des milliers de morts, causé d’innombrables rancunes et attisé les points de plein d’interrogations.
C’est sûr. Les deux hommes ont beaucoup de choses à se dire. Bien de choses ! Par exemple, pourquoi en sont-ils arrivés là ? Pourquoi leurs mésententes d’ordre politique ont pu entraîner tant de morts, blesser tant de cœurs et semer autant le chaos dans les veines d’un peuple qu’ils disent pourtant aimer et pour qui ils affirment se battre tous les jours ?
Pourquoi Alassane Ouattara a-t-il laissé son «frère» aller croupir autant d’années dans des geôles étrangères et comment Laurent Gbagbo s’est-il arc-bouté au pouvoir, s’il savait que les carottes étaient cuites ?
Vont-ils aller droit au sujet ou vont-ils se contenter de salamalecs, de généralités et de mondanités aux entournures gênées ? Y a intérêt à ce que les intentions se clarifient très vite. Les Ivoiriens piaffent. Les plaies sont toujours mal cicatrisées et les velléités de pas mal de politiques ivoiriens se révèlent de plus en plus. Nombreuses sont les voix qui appellent Koudou Gbagbo à regrimper sur le cheval de la reconquête du palais présidentiel. On a bien vu les démarches et les entrechats de Henri Konan Bédié vers le patron du FPI.
Laurent Gbagbo dira-t-il à Alassane Ouattara qu’il ne compte pas se lancer dans la conquête du pouvoir en 2025, histoire de donner les coudées franches à la réconciliation ? Où dira-t-il le contraire, ouvrant la voie à un autre possible scénario de la relative passiveté du pouvoir ADO vis-à-vis du Woody qui a une épée de Damoclès judiciaire qui plane continuellement sur sa tête, prête à s’abattre à la moindre velléité ?
Il n’y a qu’une seule chose qu’on puisse souhaiter. La quiétude de la Côte d’Ivoire est désormais entre les mains de ces deux hommes. De leurs ambitions, de leur mésentente ou désaccord, de leurs divergences de vues ou de leur vision commune dépendra l’évolution de la situation socio-politique en Eburnie.
Qu’un Laurent Gbagbo sorte main dans la main avec un Alassane Ouattara peut donner un autre visage à la Côte d’Ivoire. Si tant bien sûr que cette poignée de mains, en guise de réconciliation et d’entente retrouvée soit réellement dénuée de tout calcul d’une hypocrisie propre à la politique ! Mais on espère que les deux hommes qui ont pu gouverner la Côte d’Ivoire et dont les noms sont liés intimement à la plus grave crise ivoirienne sauront placer l’intérêt supérieur de la nation éburnéenne au-dessus de tout .
1-Mon frère
2-On se rappelle
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