Rencontre Talon-Yayi : Enfin la paix des braves au Bénin ?

Rencontre Talon-Yayi : Enfin la paix des braves au Bénin ?

C’est l’histoire entre 2 hommes qui se connaissent tellement, que chacun a servi l’autre comme ascenseur politique et économique. Entre Boni Yayi et Patrice Talon au Bénin, c’était l’entente parfaite dans les années 2000. Patron de la BOAD, Yayi a pistonné Talon, qui est devenu un magnat du coton, lequel pour le lui rendre au centuple, a financé les campagnes présidentielles de Boni Yayi en 2006 et 2011.

Mais souvent entre 2 adultes qui savent chacun beaucoup sur l’autre, surtout quand le pouvoir s’y mêle, les choses peuvent s’envenimer. Quand tu es cause que quelqu’un prenne le pouvoir, il est probable que tu sois sur sa short list des personnes à écarter ou éliminer.

En octobre 2012, c’est le clash, avec l’accusation de tentative d’empoisonnement formulée à l’encontre de Talon par Yayi. Le second prendra la route de l’exil en France jusqu’en 2015, date à laquelle il revient, … pardonné par Yayi Boni.

L’exil a-t-il aiguisé les ambitions «marinales» de Talon ? A-t-il estimé que si sa fortune a pu faire élire Boni Yayi, il pouvait l’utiliser à son propre profit ? Toujours est-il qu’en 2016, après une kermesse électorale de milliardaires, Patrice Talon a été élu.

Il marque rapidement ses estampilles dont une promesse d’un septennat non renouvelable, serment trahi en cours de chemin, puisqu’il rempilera en 2021, avec entre temps des réformes institutionnelles très polémiquées.

Une présidentielle émaillée d’incidents, prolongement de rancœurs inextinguibles des législatives de 2019, le tout marqué par une dizaine de tués, et la mise en résidence de fait de Yayi pendant plusieurs mois.

Depuis 5 ans donc, l’ex et l’actuel locataires de la Marina, se toisent, se jaugent, car si le président Talon est le maître des horloges, il sait qu’au-delà de toute la kyrielle de politiques, Yayi Boni demeure son opposant n°1. D’ailleurs, malgré que la Force Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE) créée par Yayi Boni même saucissonnée de par la volonté du prince et malgré les lois politiques qui brident les partis, en dépit de tous ces facteurs inhibants, Yayi Boni a toujours du monde électoralement.

La clef de cette rencontre réside peut-être dans cette sorte «d’équilibre de la teneur» personnelle. Le milliardaire-président a beau posséder l’argent et le pouvoir, et même après avoir rempilé en avril 2021 avec 86% des suffrages, il se sent «cerné», du moins, il lui faut lâcher du lest. Même président, il y a trop de fronts qu’il a ouverts, dont le moindre n’est pas cet autre milliardaire, candidat-malheureux en 2016, exilé sous la menace du glaive de la justice : Sébastien Adjavon, et qui du reste, avait apporté son écot à la présidentielle de 2016 à Patrice. Yayi aussi, qui après avoir montré qu’il a été chef de l’Etat, qu’il a sa petite fierté ne pouvait pas persister dans cette bouderie.

Rencontre du donnant-donnant ? Sûrement ! Dérider la situation en occultant les différends passés, reconnaître que c’est bien Patrice Talon qui a été élu (oubliée la dénonciation de fraude en avril 2021), demande d’élargissement des opposants Reckya Madougou et Joël Aivo, et le retour des exilés Sébastien Adjavon et Komi Koutché, reprise du dialogue avec la classe politique … ce sont là quelques sollicitudes de Boni Yayi au chef de l’Etat Talon. Brouille dissipée ? Un peu !

Qu’a promis ou demandé ce dernier à son prédécesseur ? Rien n’est clairement mentionné, mais c’est certain, que la reconnaissance qu’il est le président, le fait de faire dire à Yayi d’entrée de jeu qu’il «n’y a pas de problèmes profonds entre Patrice et moi», et d’affirmer que toutes ses demandes à lui Yayi sont laissées au pouvoir discrétionnaire de Talon, montrent que ce dernier a déjà obtenu ce qu’il voulait et que peut-être maintenant, il libérera des prisonniers et reprendra langue avec l’opposition.

En 50 mn donc, voilà les 2 hommes qui quoiqu’on dise, impriment la marche politique du Bénin depuis 15 ans ont décidé d’un armistice qu’on peut qualifier de fragile, mais c’est une paix des braves à saluer, et si elle s’approfondit, le Bénin pourrait renouer avec certaines mœurs politiques dont il s’était éloigné et qui avait pâli sa lumière démocratique. On attend donc la suite de la fin de ce désamour.

La REDACTION

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