Report-annulation (?) de la présidentielle au Sénégal par Macky sall : Quand l’enfant de Fathick joue avec le feu !

Report-annulation (?) de la présidentielle au Sénégal par Macky sall : Quand l’enfant de Fathick joue avec le feu !

Tsunami politique au Sénégal ce 3 février 2024. Tambouille entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, pour cause de mise en place d’une commission parlementaire censée investiguer sur la publication des 20 présidentiables, liste arrêtée sous corruption et dont 2 sages sont mis à l’index, selon cette commission.

Risque d’une présidentielle pas sereine, et nécessité d’un dialogue inclusif, voici entre autres les raisons officielles qui ont dicté au président Macky Sall du report de la présidentielle à la veille du lancement de la campagne électorale.

Un décret qui annule celui du 29 novembre 2023, lequel décret convoquait le corps électoral à se rendre aux urnes le 25 février 2024. Tout serait donc lié à la motion introduite par Karim Wade, recalé par le Conseil constitutionnel, pour double nationalité, un fils du Gorgui qui avec son parti le PDS ont saisi le parlement et chose indigeste pour Macky Sall, des députés de son camp Benno Bokk Yakkar ont voté pour cette mise en accusation du Conseil constitutionnel. Officiellement, tout semble se tenir, mais hélas à l’analyse, cet acte présidentiel, gravissime, inédit, historique, et jamais vu depuis 1963, soulève d’autres interrogations qui, de l’avis de nombreux analystes, ne résistent pas à l’argumentaire de Macky Sall.

1) D’abord, les décisions du Conseil constitutionnel sont insusceptibles de recours. Qu’on ait écarté Karim Wade pour avoir renoncé à sa nationalité française en retard, alors qu’une autre candidate, Marie Rose Wardini qui est dans la même situation a été retenue, ne saurait justifier ce report in extremis.

2) Le fait que le PDS et Karim Wade soient les instigateurs de cette commission querellée remet au goût du jour, cette croyance qu’il y aurait un deal PDS-Benno Bokk Yakaar âprement négocié par le «Gorgui» Abdoulaye Wade. Avec pour finalité que Karim revienne dans l’arène politique. On peut comprendre Macky Sall, lui qui a été parmi les premiers à se rendre au point E dans les années 80 pour prendre sa carte de militant du PDS, il doit beaucoup à «Ablaye» Wade, mais le contexte actuel ne s’y prête pas pour lui rendre l’ascenseur. Du reste, cette hypothèse qu’il faut que coûte que coûte le célèbre métis du Sénégal soit sur la ligne de départ semble tenir, car on parle d’un «Ndjiguel» de la puissante confrérie Mouride qui aurait pesé lourd dans ce report. Et même d’une alliance de l’entre-2-tours au cas où !

3) Du dialogue inclusif évoqué par le président-sortant ce 3 février : mais de quel dialogue parle-t-on ? Avant que Macky Sall ne dise à haute et intelligible voix qu’il ne se représentera pas, c’était le 3 juillet 2023, il a convoqué un dialogue qui a eu lieu et c’est à l’issue de cette palabre qu’il s’est dit non-partant. Pourquoi un second dialogue en l’espace de si peu de temps à moins que ce ne soit pour réintégrer tout le monde y compris Ousmane Sonko.

4) Ensuite, la débandade au sein de la majorité présidentielle aurait-elle fait peur à Macky Sall ? D’ex-premiers ministres, des barons de la mouvance, tel Abdou Latif Coulibaly, ministre, secrétaire général du gouvernement très connu pour son indépendance d’esprit, qui a rendu sa démission, ce 3 février, le jour même du report, car son frère Cheick Ahmed Tidiane Coulibaly est un des 2 juges qui ne serait pas de bonne moralité et pointé du doigt par la commission d’enquête parlementaire. Les rats commencent à quitter le navire de Benno Bokk Yakaar avec de l’eau à Bas-bord ?

5) Il semble évident que Benno Bokk Yakaar ait senti que son porte-étendard, Amadou Bâ ne pourra pas se  faire élire, même au second tour, et il faut rebouler le scrutin, afin de mieux préparer le terrain. Grand commis de l’Etat, intellectuel oui, homme politique pétri d’expérience, et faisant le consensus dans sa famille politique non, ce qui est un handicap. Au demeurant, les partisans du PM-candidat et ceux de Macky Sall ont désormais les couteaux hors des fourreaux et il n’est pas évident qu’Amadou Bâ demeure le cornac de Benno !

6) Enfin, enfin il y a maintenant la «VAR » politique, grâce aux réseaux sociaux, ce 5e pouvoir, malgré sa nocivité : une vidéo datant de quelques années circule, montrant Macky Sall dire qu’on peut reporter les élections locales, «car passe» les législatives «ça passe», mais pour la «présidentielle, c’est impossible». «le chef de l’Etat ne peut pas augmenter son mandat d’une journée, sinon le pays serait dans le chaos». Le président sortant en décrétant donc ce report ouvre grandement la porte à tous les possibles y compris la chienlit. Scenario d’ailleurs ébauché par le patron du PASTEF s’il n’est pas retenu. C’est du jamais vu au Sénégal, dont la démocratie est assise et toutes ces manœuvres ressemblent à des arrangements d’arrière-boutique que forcément n’accepteront pas les Sénégalais, et même une Communauté internationale, notamment, la CEDEAO, la France et les USA qui s’inquiètent Yewwi Askan Wi, la plateforme de l’opposition a déposé un recours à la Cour suprême et a tenté de marcher hier 4 février 2024 pour dénoncer ce jeu dangereux auquel se livre le camp présidentiel. Dispersée par la maréchaussée. A juste titre, dès le 2 avril 2024, Macky Sall sera désormais un président illégitime et illégal. Même si son camp invoque l’article 32 de la Constitution qui stipule que «le président reste en fonction jusqu’à la prise de fonction du nouveau président». Jusqu’à présent, le Sénégal a toujours été préservé du pouvoir kaki, Macky Sall devrait agir à ne pas donner aux militaires un argument imparable. En définitive, l’enfant de Fathick joue avec le feu !

Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA

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