Report des élections au Mali : Post-poser les législatives avant la présidentielle, c’est garder le pouvoir pour Goïta ou son homme-lige

Report des élections au Mali : Post-poser les législatives avant la présidentielle, c’est garder le pouvoir pour Goïta ou son homme-lige

Les 4 et 18 février 2024 qui étaient les dates non gravées dans le marbre d’une constitution qui a d’ailleurs connu un tripatouillage de fond en comble, ces 2 dates réservées pour le 1er et le 2e tour de la présidentielle sont désormais caduques. C’est la substantifique moelle du communiqué n°60 du gouvernement de la Transition lu par le porte-parole, ce 25 septembre 2023.

Second report de cette élection majeure, cruciale et attendue qu’est la présidentielle, il intervient après un premier changement calendaire par rapport au chronogramme arrêté par la CEDEAO.

3 «raisons techniques» sont invoquées par les militaires de Kati, maîtres du Mali pour expliquer ce «léger» chamboulement électoral.

1) La nouvelle constitution révisée par voie référendaire qui modifie le gap de l’entre 2 tours et dont il faut prendre en compte dans la Loi électorale.

2) Le non-achèvement des révisions annuelles des listes électorales (1er octobre -31 décembre 2023) par l’Autorité indépendante générale des élections (AIGE).

3) Enfin, un contentieux entre IDEMA, une société française qui a «pris en otage» la Base des données du recensement (RAVEC), un différend qui porte sur un reliquat de 5 271 882 F CFA que l’Etat malien doit à IDEMA.

Néanmoins, la Transition militaire a décidé d’organiser seulement la présidentielle pour renouer avec l’Etat de droit sous réserve que les législatives et les locales le seront par les nouvelle autorités «SOUS LES DIRECTIVES DU NOUVEAU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE».

Rien de surprenant de ce jeu de balancier de la part de militaires qui ont pris le pouvoir au bout du fusil, car le chronogramme de la Transition a toujours été depuis le putsch, la pomme de discorde entre les tombeurs d’IBK et la CEDEAO et même de la Communauté internationale. Partisans d’une Transition revolving, le colonel Assimi Goïta et ses compagnons se sont résolus à choisir des dates, qu’ils viennent de changer hier 25 septembre 2023.

Il y a 3 problèmes inhérents à cette repoussée temporelle des élections :

– La Transition ne dit pas comment opérer avec une situation sécuritaire très mauvaise, au Nord, au Centre et à l’Est du Mali, lequel existant risque de se dégrader avec le vide laissé par Barkhane, et la MINUSMA, les FAMa et Wagner ahanant à contrer par exemple la CMA désormais en guerre ouverte (avec justement la nouvelle Constitution) et l’EIGS et le GSIM, les traditionnels adversaires des soldats maliens. Comment les électeurs vont voter, notamment les déplacés internes ? Kidal par exemple, sera-t-il une circonscription électorale ? Quid de Tombouctou et Gao récemment les cibles d’estocades djihadistes qui ont fait près de 60 victimes, civils et militaires ?

– Assimi Goïta sera-t-il candidat à cette présidentielle dont la date reste tributaire des problèmes soulevés par la junte pour en repousser la date de février ? On sait que la nouvelle Loi fondamentale le permet, et sauf séisme au bord du Djoliba, il fera tomber la tenue bariolée pour se présenter. Car à la vérité, il n’y a pas de vie dans l’immédiat après la présidence pour Goïta. Il ne peut ni emprunter les pas d’un ATT, même en relisant plusieurs fois l’auteur de «Comment j’ai pris le pouvoir, pourquoi je l’ai quitté» de son devancier au béret rouge du camp adverse de Djikoroni. La probabilité qu’il se présente est donc très élevée, et ça pose problème, car, il sera juge et partie, et il ne peut perdre cette élection.

– Enfin, en post-posant les législatives renvoyées aux calendes maliennes avant la présidentielle, la Transition se donne toutes les chances de garder tout le pouvoir. Que ce soit Goïta ou un homme-lige que les militaires mettront pour prendre le pouvoir, ce dernier organisera les législatives, et en Afrique dès lors que le président est connu, son parti ou la coalition qui le soutient, rafle presque tous les sièges de députés.

– Organiser donc la présidentielle et laisser le président élu effectuer les législatives, revient à paver le chemin pour que Goïta ou le président-croupion ait la haute main sur l’exécutif et le législatif. On a donc le sentiment que les militaires de Bamako iront mais à reculons à un Etat de droit, et manœuvreront pour être toujours les maîtres du Mali.

La REDACTION

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