Biométrie, machines à voter, guerres, acheminement du matériel électoral et tuti quanti, de plus en plus des raisons imprevues reculent les élections de quelques jours, quelques semaines, voire plus en Afrique.
Emmitouflé dans son boubou bleu marine, coiffé d’une chéchia noire, c’est sur le coup de 3 h du matin en ce samedi 16 février 219, que Mahmood yakubu, président de la commission électorale (INEC) a lâché la nouvelle sur les écrans plasma, qui a fait l’objet d’une douche froid sur les 84 millions d’électeurs : la présidentielle et les législatives sont renvoyées au 23 février, les sénatoriales au 6 mars.
Autrement dit c’est à l’heure où déjà quasiment certains citoyens, s’apprêtaient à se rendre devant les bureaux de vote, question d’éviter les longues files, que le patron de l’Administration électorale a annoncé ce report in extremis. Ainsi en est-il de certains électeurs de Port-Harcourt, qui étaient déjà sur les lieux de leur vote et qui apprendront tardivement qu’ils se sont déplacés inutilement ! Raison invoquée ? L’impréparation logistique est telle que «la garantie de la tenue d’élections libres, justes et crédibles» n’est plus possible. En clair, la dotation des bureaux de vote en matériel, commande le renvoi d’une semaine.
Argument en béton, en théorie, car tous les outils et les garde-fous réclamés de façon intempestive et à toutes les élections par les opposants, la société civile et les populations ont, pour objectif de mettre fin à une Afrique abonnée aux fraudes via les bourrages d’urnes, les vols «informatiques, si ce n’est tout simplement des holdups électoraux par inversion, baisse ou hausse des chiffrages exprimés.
Se donner le temps nécessaire pour se prémunir contre les détournements éhontés de la volonté du peuple. Bonne initiative. Chiche ! Sauf qu’avec le récent cas en RD Congo, un report, surtout celui survenu à 3 heures de l’ouverture officielle des urnes, ne peut que susciter circonspections, colère et ras-le-bol.
Accordons tout de même le bénéfice de la bonne foi à l’INEC, car quand bien même ces raisons seraient cousues de fil blanc, le fait qu’elle ait invoqué la configuration de près de 200 000 cartes d’électeurs pour bien affiner le corps électoral, et sécuriser le matériel électoral dont le convoiement dans les zones reculées s’apparente au fleuve Delta à boire pafait objectif. Mieux, la confiance renouvelée des observateurs de l’UA, de l’UE et de la CEDEAO, à Yakubu et ses commissaires, sont à mettre au crédit d’un parfum de sincérité de la part de l’INEC.
Si on ajoute l’ire et la surprise du Congrès des progressistes (APC) la parti présidentiel, face à ce report, on se dit in petto, que ce n’est pas un coup fourré entre pouvoir et INEC pour gruger le PDP.
Gardons nous cependant de tout angélisme car toutes ces raisons impératives qui ont justifié ce report de dernière minute, peuvent être balayées du revers de la main, car, l’INEC était sur la brèche depuis des mois, voire plus. Comment s’est-elle fait surprendre par tous ces impromptus écueils logistiques ?
Alors de la capacité de l’INEC à remobiliser un électorat fatigué et blazé par une campagne électorale au cours, de laquelle les deux duellistes n’ont pas brillé par des programmes alléchants et de l’issue sans heurts de ces élections qu’on veut crédibles et transparentes se confirmeront les raisons de ce brusque report qui a désarçonné plus d’un électeur et candidat. Et de facto du serieux de l’INEC.
La Rédaction
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