14 octobre 2019 à Conakry et périphérie. Journée pas tranquille du tout, à cause d’accès de fièvre politique : les sécurocrates du pouvoir ont encore réédité des images hélas ordinaires dans ce pays, avec leurs courses-poursuites, jet de gaz de lacry et d’eau sur des manifestants avec à la clef pour ce coup-ci 3 tués et des bléssés.
Hier en effet, ce fut un premier tour de chauffe de l’opposition, de la société civile et de tous les Guinéens qui sont contre le charcutage de la Loi fondamentale, dont on prête des velléités à Alpha Condé pour s’offrir un 3e bail au palais de Sekoutoureya.
A vrai dire, si des Guinées sont vent debout contre le projet de toilettage constitutionnel, c’est qu’il y a des clignotants qui indiquent le dur désir de durer encore au pouvoir de celui qui pourtant a dans son compteur politique, 40 ans d’opposition depuis le héros, devenu despote Sékou Touré, jusqu’au fantasque Dadis Camara, en passant par l’autiste Lassana Conté ; et 10 ans de pouvoir démocratiquement élu.
Les signes de tripatouillite se manifestent par : l’énervement d’Alpha Condé, surtout contre les journalistes, lorsqu’on lui pose une question relative à ce sujet, contrairement à son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, qui répondait sans sourciller qu’il s’en ira en 2021. Il y a ensuite, cette vidéo d’Alpha depuis New-york, en mi-septembre, en marge du sommet de l’ONU, dans laquelle, il invitait ses compatriotes à aller au référendum pour modifier la Constitution.
Enfin, le confinement des leaders du Front national de défense de la constitution (FNDC) ces derniers jours et l’arrestation de leurs avocats et de certaines personnes sont des indices précurseurs que ce projet réel ou fantasmé de modification constitutionnelle est porteur des germes d’un gigantesque incendie de la Guinée.
Déjà, Conakry est divisée en deux : il y a les quartiers pro-réforme, généralement estampillés arc-en-ciel, la coalition présidentielle, et les autres anti-acquis à l’opposition.
Le FNDC est donc en bloc contre le biffage programmé de cette mention utile de la Constitution et dans cette Guinée, où la moindre peccadille peut prendre potentiellement l’effet papillon, cette idée de s’accrocher au pouvoir de Condé à 81 ans après ce parcours exemplaire, pourrait faire plonger la Guinée dans l’abime.
On en est qu’aux premisses, et Alpha Condé peut encore rétropédaler. Le veut-il ? Toujours est-il qu’il a eu un petit aperçu hier de ce que sera le pays, si ce dont on le soupçonne s’avérait.
La REDACTION
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