L’ancien Garde des sceaux français, Robert Badinter décédé le 9 février dernier ne doit-il retourner dans sa tombe avec ce qui arrive aujourd’hui en République Démocratique du Congo (RDC) ?
Lui qui, toute sa vie, a mené un combat acharné pour l’abolition de la peine de mort. Ce n’est pas l’Église catholique congolaise qui dira le contraire face à la décision du gouvernement congolais de rétablir la peine de mort au moment où des arrestations en cascades des personnes présentées comme des «traîtres» se poursuivent dans l’est du pays déchiré par des guerres depuis près de trois décennies. Un moratoire décrété depuis 2003, est donc levé par le pouvoir du président Félix Tshisekedi, selon une note circulaire de la ministre de la Justice, Rose Mutombo, signée le 13 mars dernier. D’après le document, la peine sera appliquée aux coupables des actes de «traîtrise et d’espionnage». La peine a été rétablie pour « débarrasser l’armée des traîtres d’une part et endiguer la recrudescence d’actes de terrorisme et de banditisme urbain entrainant mort d’hommes d’autre part », a expliqué davantage la Garde des Sceaux, Rose Mutombo, dans une note de service adressée aux présidents des cours, tribunaux et procureurs.
Une décision qui n’a pas manqué de provoquer de vives réactions notamment celle de l’Eglise catholique.
En effet, dans cette RD Congo où l’Eglise n’est jamais loin de la chose politique pour ne pas dire qu’elle y est depuis la pagailleuse Conférence nationale avec Monseigneur Monsengo jusqu’à maintenant , cette Eglise à travers la CENCO a toujours donné de la voix très discordante souvent loin de l’eau bénite mais plutôt proche du vitriol. Pour ce rétablissement de la peine capitale, monseigneur Fridolin Ambongo , n’a pas tourné la langue 7 fois pour le condamner. Une posture qui épouse son rôle sociétal et intemporel. La vie humaine est sacrée, et la Loi du Talion éloigne de Dieu, car la contrition est au cœur des pratiques ecclésiales. Il n’est pas jusqu’aux politiques qui désapprouvent cette restauration.
L’indignation de l’Eglise s’entend du fait qu’elle a toujours défendu la vie considérée comme sacrée et un don de Dieu. Quel que le soit le type de criminels, l’Eglise s’est toujours opposée à la loi du talion œil pour œil, dent pour dent. Ensuite, en convoquant l’histoire, il est prouvé que la peine de mort loin de dissuader les actes criminels endurcit plutôt la racaille !
Il faut noter que la peine de mort était régulièrement prononcée dans des cours et tribunaux congolais mais commuée systématiquement à la réclusion à perpétuité. Cette mutation, selon le gouvernement, était perçue par les condamnés comme un « gage à l’impunité » à leur égard. Si la levée du moratoire sur la peine de mort soulève des questions cruciales concernant les droits de l’homme, la justice et la sécurité nationale, les vives réactions reflètent l’importance de cette décision pour la société congolaise et la communauté internationale. En tout cas, Badinter a soutenu que la peine de mort n’est pas dissuasive et qu’elle ne garantit pas une justice équitable. Outre-tombe, il semble avoir raison et le pays de Félix Tshisekedi ferait bien de s’en inspirer. La RDC devrait réfléchir à ces aspects. Historiquement, la peine de mort n’a jamais dissuadé vraiment les criminels. Il est constant que dans beaucoup de pays où on pendait et fusillait les gens, la criminalité n’a pas pour autant baissé si ce n’est le contraire. Toujours est-il que de nos jours, de plus en plus, les Etats s’évertuent plutôt à aller vers l’abolition de la peine de mort.
La rédaction
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