La date est choisie, ce sera le 10 novembre prochain, que les 26 statuettes des œuvres d’art d’une richesse vénale inestimable, mais surtout d’une portée historique inconsidérable, ces produits artistiques prendront la route du Bénin. Ce sera au lendemain du 9 novembre d’une visite en France que le président béninois Patrice Talon effectuera en France, au cours de laquelle l’histoire de ces statuettes s’invitera dans l’aparté élyséen.
Hier 27 octobre au Quai Branly Jacques Chirac, le président Emmanuel Macron a dit ce qui a sous-tendu à cette restitution, ce qu’elle est, et surtout aussi ce qu’elle n’est pas et les perspectives qu’elle ouvre, sans toutefois lever cette croyance aux pillages des richesses matérielles et immatérielles qui flotte toujours dans l’air en Afrique.
S’il y a bien une personne qui pavoisait également hier, c’est bien Emmanuel Kasarheou, le patron du Quai Branly, heureux de voir cette tâche aboutir. De la formulation formelle de restitution introduite par les autorités béninoises le 28 août 2016 au nom d’une certaine inaliénabilité, à la promulgation de la Loi par le parlement français l’autorisant datée du 24 décembre 2020, en passant par la promesse ferme d’Emmanuel Macron le 28 novembre 2017 à Ouagadougou de remettre 95% du patrimoine africain «volé», le mot n’est pas fort, de l’eau a coulé sous les ponts africains.
S’il ne s’agit pas de butin de guerre, il s’est agi bien de rapines, pratique tolérée pendant la colonisation, au cours de laquelle, des officiers et sous-off. se servaient sur la bête en emportant ces trésors artistiques.
En restituant ces 26 œuvres d’art qui transiteront au Port de Ouidah, avant de retourner de bon au Musée d’Abomey en restauration, la France répare un tort fait à l’Afrique, continent ahistorique (qui n’a pas d’histoire) selon la doctrine de l’époque rechauffée d’ailleurs à Dakar par un certain Nicolas Sarkozy, cette France tente de récolter des morceaux d’un riche patrimoine qu’elle a contribué à dilapider. Et Emmanuel Macron fait bien de dire que cette «restitution emblématique» ouvre de nouveau horizon de partage». Que ce soit au Bénin ou au Sénégal, ces remises constituent une sorte de retour de «petits hommes» au pays natal. Des œuvres d’art qui charrient émotion et mystères dans la cosmogonie béninoise et africaine.
A l’inverse, des esclaves qui quittaient Gorée ou Ouidah, les portes de non-retour pour les plantations en Nouvelle-Orléans ou autres villes américaines, ces 26 œuvres d’art, reviennent par Ouidah au pays, retour dans la maison (Ouidah) et à la maison en Afrique, au Bénin.
Fruit certes d’un travail scientifique sur lequel a insisté Macron, et non le «fait du prince», mais, enrobé de politique tout de même, car c’est le politique qui a été à la base de cet «exil» des œuvres, c’est le même politique de part et d’autre (Bénin-France) qui se sont entendus pour leur retour.
On ne peut que saluer l’ouverture de cette porte du retour pour ces œuvres d’art, qui sont accompagnés de restaurations de palais royaux par l’AFD, d’appui à l’écosystème artisanal, et à la création artistique. Mais on attend aussi la restitution de certaines archives qui retracent l’histoire africaine, ne serait-ce que des copies et qui dorment à l’INA. Continent de l’oralité, la vraie histoire de l’Afrique est toujours écrite par des Occidentaux, faute de données et d’écrits .
La REDACTION
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