Restriction de manifester au Togo : Le coup de grâce  de Faure ?

Restriction de manifester au Togo : Le coup de grâce  de Faure ?

L’Opposition togolaise doit avoir poussé un soupir en attendant le maillet du président de l’Assemblée nationale résonner dans l’hémicycle, enfonçant la loi sur la restriction de manifester dans le marbre de la chose jugée. Et de nombreux Togolais avec !

Adieu donc les espérances de 2017 ! Adieu les belles envolées de liberté et la foi que les choses allaient changer dans la République togolaise. Non ! Le chat Faure Gnassingbé a en effet été projeté dans les airs, déséquilibré, désaxé, déstabilisé presque. Mais il est retombé sur ses jarrets. Peut-être encore une fois.

Et comme un peu l’os qui se solidifie davantage après avoir subi le traumatisme d’une fracture, il a désormais pris ses précautions pour ne plus être désagréablement surpris par un potentiel regain de revendication et de velléité de recherche d’une quelconque bouffée de changement.

Admirez donc le chef d’œuvre :

– les Togolais ne pourront plus manifester avant 11h et au-delà de 18h. Fini donc les rassemblements tôt le matin ou ceux tard la nuit ;

– exit les défilés sur toutes les routes nationales ;

– les manifs dans les zones commerciales et certains centres urbains sont proscrites ;

– interdit de se promener aux alentours des institutions de la République, des chancelleries, les résidences des représentants d’organisations internationales et les camps militaires ;

– cerise sur le gâteau, les autorités  peuvent limiter le nombre de manifestations par semaine dans une ville en fonction de la disponibilité des forces de sécurité.

Même l’ancien président Blaise Compaoré, avec ses fameuses «zones rouges» à Ouagadougou, n’avait pu faire mieux. Il doit certainement lui faire une petite ovation, un sourire d’admiration au coin des lèvres !

Les Togolais sont donc pris dans la nasse, les opposants avec ! Avec de telles restrictions, aucun cri strident contraire aux désirs auditifs ne pourrait retentir dans Lomé sans qu’il ne soit vigoureusement réduit au silence, et cette fois, avec l’aval de la loi. Désormais, les opposants goûteront au «nul n’est censé ignorer la loi». Du reste, l’Opposition togolaise a-t-elle encore du jus pour émettre une quelconque protestation au Togo ? Depuis la houle de 2017, retombée comme une peau de baudruche crevée, elle est devenue inaudible, un peu comme résignée, désarmée ( ?) face au rouleau compresseur impitoyable de Faure. La gageure est désormais de savoir quelle sera la couleur de la prochaine couleuvre que le fils de Eyadema lui fera encore avaler.

Ahmed BAMBARA

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