C’est un président de la CENI, Dago YABRE, serein, qui a donc procédé ce samedi 4 mai 2024 à la proclamation des résultats provisoires des législatives du 29 avril au Togo (ceux des régionales le seront d’ici-là).
Et ce qui se susurrait par Dame-Rumeur, et ses cousins réseaux sociaux et Radio-trottoir ont été officiellement confirmés : l’UNIR, le parti au pouvoir, a engrangé 108 sièges sur 113 que compte l’Assemblée nationale, laissant une portion congrue à une opposition forcément décontenancée avec 5 sièges répartis comme suit : 2 pour l’ADDI, 1 pour l’ANC, 1 pour DMP et 1 pour FDR. 2,5 millions d’électeurs ont pris d’assaut les urnes sur un corps électoral de 4,2 millions. Le taux de participation est de 61,03%.
Dans l’attente de la confirmation ou de l’infirmation de ces résultats provisoires par la Cour constitutionnelle, et au-delà des spéculations ou «preuves» sur des fraudes, des achats de voix, et l’utilisation des moyens colossaux par l’UNIR éternels arguments et mémoire en défense de l’opposition pour justifier cette bérézina électorale, il faut reconnaître que l’UNIR a rondement mené une campagne électorale des plus méthodiques, et des plus percutantes.
L’envoyé spécial d’Aujourd’hui au Faso a pu constater de visu la hardiesse des candidats qui ont quadrillé par exemple Lomé, la capitale. Avec un discours porteur et naturellement en exhibant la prime au sortant : l’UNIR a réalisé beaucoup de choses et compte en faire davantage.
Mieux, que ce soit à l’Agoé-Nyévé, à Tokoin, ou à Kodjoviakopé par exemple, les implications de la nouvelle Constitution ont été expliquées aux ouailles du parti au logotype de l’oiseau blanc sur fond blanc : ces législatives sont une présidentielle qui ne dit pas son nom. Et en 2025, il n’y aura pas de présidentielle. Les députés majoritaires désigneront le Tout-puissant président du Conseil des ministres qui détiendra le pouvoir exécutif avec un ou une présidente cantonné à un rôle honorifique !
Ce sont des narratifs qui ont porté à Lomé, la capitale, frondeuse comme toute capitale, mais surtout très entendu dans le pays profond très légitimiste. C’est aussi une preuve que l’UNIR connaît du bout des doigts la carte électorale du Togo.
Maintenant, que va faire l’UNIR de cette victoire écrasante ? Au Burkina Faso, dans les années 90, le CDP, parti présidentiel de Blaise Compaoré, avait raflé quasiment plus d’une centaine de sièges sur 121, c’était l’époque du «Tuuk-guili» (prendre tout en langue mooré). Ce qui avait fait dire à un cacique de ce parti, Salif Diallo, que «Notre victoire est gênante». Comprendre, quand on prend tout et que l’opposition est inexistante naissent d’autres problèmes.
Cette razzia de l’UNIR au Togo appelle à une posture non de triomphalisme, mais de consensus, de main tendue à une opposition qui se bat, mais souvent est dans l’invective, les dénonciations, et même des querelles picrocholines ! Avec la nouvelle Constitution, l’UNIR devrait composer avec une opposition complètement défaite, mais dont l’existence demeure nécessaire dans cette «ex-Suisse» africaine marquée depuis des décennies par une bipolarisation du landerneau politique, pour ne pas dire du Togo.
Dialoguer, écouter, se concerter avec cette opposition togolaise, est désormais une des tâches prioritaires à laquelle devra s’atteler l’UNIR, pour colmater les brèches, panser les cœurs et donner une existence aux opposants tétanisés par cette raclée électorale du 29 avril 2024. L’opposition devrait aussi se dévêtir de ses oripeaux d’éternelle victime pour discerner les raisons de sa défaite, faire son intropection et accepter la logique de la concertation en quittant celle de la confrontation. C’est au prix d’une telle catharsis que le Togo pourra voguer allègrement sur des eaux calmes vers des lendemains qui chantent .
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA
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