Ali Bongo est de retour en République gabonaise. Ali Bongo a assisté à la prestation de serment des nouveaux membres du gouvernement. Ali Bongo est là, bien vivant, bien aux commandes de l’appareil d’Etat gabonais. Ali Bongo a fait sa première apparition depuis sa chute… mais Ali Bongo n’est pas visible.
Ce 15 janvier 2019, les appareils de capture d’images avaient aiguisés leurs objectifs, prêts, décidés et motivés à immortaliser la première apparition. Sous toutes les coutures. Tous les angles. Aucun centimètre du paysage corporel du président gabonais n’allait échapper à l’œil inquisiteur et scrutateur des appareils photo et autres caméras. Mais que nenni !
A la grande surprise de tout le monde, la cérémonie de prestation de serment, qui devrait être publique, afin que les Gabonais sachent que les nouveaux membres du gouvernement ne prenaient pas à la légère leur ministère, a été finalement une messe basse, une rencontre privée avec le chef de l’Etat, qui ne lassera pas voir ne serait-ce qu’un poil de ses favoris !
Au-delà de la frustration des Gabonais, c’est un grenier rempli d’interrogations qui déverse son contenu sur l’état de santé réel d’Ali Bongo. Si le Président était bien en point comme le clament les ministres qui ont assisté à la prestation de serment et qui ont finalement remplacé les journalistes dans leur rôle de relais de l’information, pourquoi a-t-il été aussi visible que l’œuf d’un cheval ? Etait-ce un nouvel article de la Constitution, ajouté subrepticement, qui imposait de tenir cette cérémonie loin des regards ? Ou est-ce simplement parce qu’Ali Bongo est véritablement incapable d’être « montré » aux yeux de la nation gabonaise ?
En attendant que d’autres arguments viennent démontrer le contraire, il n’est pas superflu de déclarer que le chef de l’Etat gabonais n’est pas à même, pour le moment, d’assurer la plénitude de ses fonctions. Si ce n’était pas vrai, on aurait assisté à un retour triomphal du puissant chef qui ne flanche jamais, dans les rues de Libreville. Il aurait pris toutes les pauses majestueuses devant les caméras pour démontrer sa robustesse et sa santé victorieuse. Il aurait eu les mots dont lui seul a le secret pour tancer vertement ces militaires qui ont osé lui faire un putsch dans le dos, ces «énergumènes» qui se sont amusés à tirer sur une ambulance et ont profité de son impotence passagère ( ?) pour jouer les trouble-fête.
Mais rien de tout cela. Il reste maintenant à savoir pendant combien de temps va durer cette intolérance de Ali Bongo à la lumière, pendant combien de temps le nouveau gouvernement pourra-t-il tenir sans la présence revigorante de son chef et pendant combien de temps cet attelage trompe-l’œil résistera avant un retour, le vrai, du président gabonais.
Ahmed BAMBARA
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