Retour de Blaise Compaoré : Un aller-retour très controversé

Retour de Blaise Compaoré : Un aller-retour très controversé

Comme annoncé, l’ex-président du Faso, Blaise Compaoré est de retour au bercail. Après près de 8 ans d’exil, l’ancien homme fort a de nouveau foulé le sol burkinabè à bord d’un avion de la République de Côte d’Ivoire. C’est à la Base aérienne 511, mitoyenne de l’Aéroport international de Ouagadougou que s’est posé l’appareil dans lequel il a pris place en compagnie de son épouse Chantal et la poignée de collaborateurs qui l’accompagnait.

Dans cette petite délégation, un conseiller du président ivoirien, Alassane Ouattara, hôte de l’illustre exilé. L’homme dont le retour a ameuté plusieurs centaines de partisans aux abords de l’aéroport ne sera pas aperçu.  Sobriété oblige, il sera tout simplement exfiltré par un hélicoptère qui le conduira vers son pied à terre en attendant la rencontre de ce vendredi 8 juillet en compagnie de ses trois successeurs et de l’actuel chef de l’Etat, Damiba.

Ce retour voulu par les nouveaux maîtres de Ouagadougou et qui s’inscrit dans le cadre du processus de la réconciliation enclenché il y a bientôt trois ans, a de nouveau remis au goût du jour la controverse et déchainé une vague de réactions au sein de l’opinion nationale et internationale. C’était évident,  la situation de l’ancien président, condamné par contumace au Burkina à la prison à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de son prédécesseur Thomas Sankara, lors du coup d’Etat du 15 octobre 1987 qui l’avait porté au pouvoir portait les germes d’une controverse.  Entre les partisans de l’enfant terrible de Ziniaré qui ruminaient leur désarroi depuis les évènements d’octobre 2014, qui ont contraint leur champion à l’exil, qui piaffaient d’impatience de revoir l’ex-président retrouver la terre de ses ancêtres et les «fervents défenseurs des droits humains» qui rêvent de voir l’ancien locataire de Kosyam  répondre de ses actes et payer pour ses «crimes», le fossé est abyssal. 

Hier jeudi 7 juillet 2022, le Burkina Faso a de nouveau présenté deux visages diamétralement opposés sur la manière d’aller à une réconciliation véritable. Ces derniers jours, les alertes et appels à interpeller et déférer Blaise Compaoré à la case prison en application au verdict rendu le 6 avril 2022 lors du procès de l’affaire Sankara se sont multipliés. Des politiques aux citoyens en passant par les acteurs de la société civile et ceux du secteur de la justice, les réactions divergent sur le cas Blaise Compaoré, qui divise la société burkinabè. Qu’est-ce qui naîtra de cette rencontre au sommet entre le lieutenant-colonel Damiba et ses quatre prédécesseurs, censée «accélérer la réconciliation nationale» ? Va-t-on comme le redoutent nombre de Burkinabè de faire fi des lourds passifs et décisions de justice pour aller à la réconciliation ? En attendant le fin mot de ce conclave, il apparaît clairement que le Burkina Faso, en proie à l’une des crises les plus graves de son histoire, éprouve un immense besoin de se réconcilier avec son passé. Il reste donc à s’accorder sur la manière. Et c’est là que  ça coince !

Davy Richard SEKONE

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