La glaciation (-20°) qui a fouetté Washington DC hier 20 janvier 2025, où dans le Capitole, Donald Trump a prêté serment sera-t-elle comme les relations USA-Afrique ?
D’abord, les Africains doivent retenir que ce come-back de Donald Trump est le vœu des Américains ! C’est la Old Grand party certes, qui l’aura voulu, mais il a été élu car la majorité de ses concitoyens épousent ses idéaux. Vote populaire et Grands électeurs lui ont donné quitus ! En 2008, les Africains avaient trop rêvé sur le premier président post-racial, Barack Obama. Avec le 47e président américain, les choses sont limpides : l’Afrique n’est pas le Mac Do de Trump ! Une petite revue de détails de l’équipe gouvernementale du nouveau-ancien locataire de la Maison ovale, donne une idée de la politique américaine des 4 prochaines années : des milliardaires qui entendent faire des rabots drastiques tel Elon Musk, un ex- securocrate Tom Hom, qui se chargera d’en finir avec les migrants illégaux, on parle de la plus grande déportation contemporaine. Un Mario Rubio, anti-Chine notoire qui auscultera la concurrence Aigle-Dragon…
Avec Trump, les pendules de la géopolitique, si elles sont diplomatiques (Accord Israël-Hamas), elles sont surtout économiques et financières. Dis-moi combien tu pèses en milliards de dollars et combien tu paies et je te mets sur ma short list des partenaires considérés !
Evidemment, la Chine est dans le viseur de Trump et l’Afrique pourrait être un peu dans ce sens, visible dans l’œil de ce dernier, notamment en termes de matières premières, comme en RD Congo, en Angola… Il pourrait poursuivre le corridor Lobito-Lubumbashi. Mais, tout est rapport de force économique chez Trump, et sur ce plan, l’Afrique pèse peu.
Le «Trade not Aid» américain pourrait même être réduit à une portion congrue. De nos jours, les Biens et services américains échangés avec le continent, ne dépassent pas les 90 milliards de dollars. Des financements et programmes consacrés aux initiatives globales PG II (Prosper Africa and power Africa).
L’AGOA qui concerne 32 pays africains et qui doit être renouvelé l’année prochaine, pourrait être en pointillé, car Trump l’a dit, il veut taper là où ça fait mal, et des pays africains pourraient être des victimes collatérales de sa croisade contre l’UE et la Chine avec ses droits de douanes dont en partiraient ces pays.
Le protectionnisme trumpiste carapacerait davantage le dollar, et l’Afrique avec ses monnaies disparates en ressentira le contrecoup. Que dire spécifiquement du Sahel ? Le Sahel qui s’est teinté de pouvoirs kaki, depuis 2020, jure avec les principes et les lois américains qui font que les USA rompent les relations dans ce cas. Même si on l’a vu, l’Oncle Sam a trainé un peu les pieds au Niger après le coup d’Etat du 26 juillet 2023 avant de partir militairement, la Base que les USA avaient, et la région stratégique peuvent expliquer cet état de fait. Néanmoins, la coopération bilatérale s’y déroule normalement avec le maintien d’extraterritorialités au Niger-Mali-Burkina, avec des diplomates agréés. Evidemment, une manne comme le MCA, le Compact a été suspendu, un Burkina, qui avait réussi à obtenir un deuxième Compact rarissime en la matière s’en trouve privé de plus de 500 millions de Dollards !
Mais paradoxalement, au-delà du fait que les Sahéliens préfèrent un Trump, qui annonce les couleurs et n’est pas dans la langue de bois, paradoxalement le Sahel pourrait aussi récolter l’usufruit de la posture de ce président iconoclaste :
– Donald Trump anti-multilatéraliste, n’est pas pour un condominium au Sahel (Russie-USA). Il laissera par exemple les 3 pays de l’AES, poursuivre allégrement leurs relations stratégiques avec l’Ours russe ! Seule la Chine pourrait de temps en temps donner de la voix…mais entre Pékin et Moscou, il n’y a pas de rivalité exacerbée.
– Les duettistes Russie-USA pourraient même concocter une politique consensuelle pour le Sahel, un Sahel qui, à première vue, n’intéresse pas Trump !
– Avec un Trump-Poutino-compatible, le Sahel pourrait donc poursuivre un partenariat avec la Russie, Chine, Turquie et bien d’autres Etats dans sa trajectoire souverainiste !
Attention cependant, Donald Trump est un personnage personnel, imprévisible, qui fonctionne sur le registre de la confiance avec l’altérité. Et justement le Sahel, et le Sahara dans son ensemble gagneraient à explorer toutes les pistes du bilatéralisme pour renforcer leur économie. Nul ne peut vivre en autarcie face aux USA. A commencer par le dollar qui demeure incontournable !
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA
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