Enfin ! L’armée malienne est de retour à Kidal. Le Mali a retrouvé son nord. Chassées à coups de balles de fusil, humiliées en 2014, les FAMa ont enfin remis pied sur cette portion de leur territoire ponctionnée et arrachée par les ex-rebelles et les groupes armés qui écument la région et l’ont gardée.
IBK, dans sa tour d’ivoire depuis la colline de Koulouba, doit se sentir si peu fier. Réalisation d’une promesse de campagne ? Oui, assurément. Il a réussi là où ATT avait échoué. Il pourra sans doute accrocher quelque chose à son tableau de chasse à la fin de son mandat qui s’annonce.
C’était une tache noire, un lourd boulet qu’il traînait dans le sillage de sa gouvernance. Kidal est une ville symbole. L’absence de l’armée malienne y signifiait cette vacuité de l’Etat malien dans cette partie de son territoire, elle amplifiait ce sentiment d’amputation du nord du Mali. Et pour ce sujet, il n’y a pas mal de frustrations qui ont jailli. On se rappelle ce responsable de la MINUSMA qui a dû plier bagages après avoir commis une bourde diplomatiquement incorrecte et qui avait soulevé un véritable tollé, tant dans la classe politique qu’au sein de la société malienne. Kidal, c’était la plaie brûlante et le sujet le plus gênant de la République. Kidal, c’était le point sensible, le bouton rouge où on mettait difficilement et précautionneusement le doigt.
Kidal, c’est aussi la montagne de suspicions dont l’ombre cachait l’action de la France, à travers Serval d’abord puis Barkhane au Mali. Kidal a longtemps nourri les discours qui accusaient l’Hexagone de mener un double jeu ou en tout cas, un jeu trouble dans le pays de ATT. Et le retour de l’armée malienne à Kidal était aussi la condition exigée pour montrer que la France n’avait pas des calculs suspects.
Maintenant que l’armée malienne est à Kidal, le Mali a-t-il pour autant retrouvé le nord ? C’est une question qui trouvera sans doute une réponse dans les jours à venir. Par exemple, quelle sera la marge de manœuvre de l’armée reconstituée qui a pris place à Kidal ? 240 hommes, c’est bien, mais c’est insuffisant pour tenir une ville qui s’avère désormais être l’avant-poste contre les groupes armés terroristes qui ne sont pas dans la ligne de mire de l’offre de dialogue du Président Ibrahim Boubacar Kéita. Cet effectif est-il appelé à s’étoffer ?
L’armée malienne est certes rentrée à Kidal, mais elle l’a fait sous forte escorte de la MINUSMA. Il est fortement à espérer que cette entrée ne se limitera pas aux tenues d’apparat et que les hommes qui y sont déployés n’y sont pas pour juste inaugurer les chrysanthèmes. Le Mali a retrouvé son nord. Il reste à savoir maintenant s’il a retrouvé…le nord.
Ahmed BAMBARA
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