Retour de Rokia Traoré au Mali : Arrangement ou vraie échappée judiciaire ?

Retour de Rokia Traoré au Mali : Arrangement ou vraie échappée judiciaire ?

S’agit-il d’un pied de nez fait à la justice française ou le résultat d’un arrangement juridico-diplomatique ? Nul ne saura le dire avec exactitude, mais le retour de la chanteuse malienne, Rokia Traoré intrique plus d’un et suscite moult interrogations.  Comment malgré l’interdiction émise par la justice française de quitter l’Hexagone  laquelle justice qui devait la remettre à la Belgique dans le cadre de la procédure liée à la garde de sa fille,  comment en dépit de cet oukase, Rokia Traoré a-t-elle réussi à rejoindre son pays natal, le Mali via l’aéroport pour VIP le Bourget? 

La réponse de son avocat, Me Kenneth Feliho, qui brandi l’arme émotionnelle, à savoir que «C’est une mère aux abois qui a peur qu’on lui arrache son enfant, c’est pour ça qu’elle est partie au Mali, où elle habite» ; n’apporte pas de réponse conséquente et définitive à ces interrogations.

La chanteuse en possession d’un passeport diplomatique, et d’un ordre de mission en bonne et due forme a beau affirmé avoir quitté le pays d’Emmanuel Macron depuis l’aéroport du Bourget par un vol privé, et de «façon régulière», ce retour au bercail contient les germes d’un arrangement car le mandat d’arrêt émis par la justice belge entrainait de facto son inscription sur la liste des personnes recherchées et interdites de quitter ce pays sans autorisation. Ce départ, si l’on s’en tient à la jurisprudence en vogue en France connue pour «sa rigueur», n’aurait pas pu se faire sans l’implication de personnes haut placées dans la sphère décisionnelle. Sans être dans le secret des dieux, on pourrait dire que des négociateurs souterrains ont été mis à contribution pour permettre à l’ambassadrice de bonne volonté du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), de filer en catimini et échapper au glaive de la justice belge. Le téléphone a dû pleurer entre soit le ministère des affaires étrangères du Mali et le Quai d’Orsay soit entre Koulouba et l’Elysée.

Rappelons qu’en fin mars dernier, la Cour d’appel de Paris avait marqué son accord pour  la remise de Rokia Traoré à la Belgique en application d’un mandat d’arrêt européen consécutif  au différend qui l’oppose au père de sa fille. Dans l’attente de son extradition vers la Belgique, elle avait d’abord été incarcérée pendant 14 jours avant d’être libérée et placée sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire français.

Ce mandat d’arrêt qui la vise pour «enlèvement, séquestration et prise d’otage», a été émis par un juge d’instruction de Bruxelles et découle du non-respect d’un jugement rendu fin juin 2019 exigeant la remise de sa fille de 5 ans à son père belge dont Rokia Traoré est séparée.

Que restera de ce mandat cher à la Belgique et à l’ex-époux de la diva malienne qui réclame à cor et à cri la garde de sa fille ? Quelle suite sera donnée à cette affaire par les différentes juridictions concernées ? Pour sûr, malgré ce retour gagnant, pour la guitariste et chanteuse, le bout du tunnel reste loin, car, il  n’est pas exclu que des rebondissements surviennent dans les jours à venir. Son mari n’ayant pas desserré les dents, voilà une histoire  de serail nuptial qui touche la république.

La Rédaction

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 1
  • comment-avatar
    Rachida 4 ans

    Enfin un article digne de ce nom qui dénonce les privilèges et détournements des lois et violation de la lois par des puissants ! Qui pourrait prendre un avion privé, s’échapper si il n’est pas puissant, ne joue pas avec des hommes et femmes puissants politiques ? Qui enfreindrait la lois de la sorte si il n’y a pas aussi un problème structurel ? Et surtout cette fuite démontre finalement que la Belgique a eu raison car jusque là le comportement de cette femme a été de se croire toute puissante et au-dessus des lois jusqu’à arriver là à travers cette fuite à se démasquer et à pousser sa toute puissance et son égo au sommet. Lamentable. Et cela n’a rien à voir avec la couleur, le continent, etc. Je suis outrée (je suis un femme africaine!) de voir surtout que certaines personnes – qui plus est artiste (homme et femme de culture qui défendent les droits fondamentaux, la dignité, …) – continue à s’accorder des privilèges !!! et c’est eux qui sur les scènes internationales disent lutter pour des états de droits sur notre continent, sur l’égalité, etc? Quels états de droit voulons-nous chez nous si des femmes et hommes de culture agissent aussi ainsi? L’affaire peut paraitre complexe. Mais elle peut être très simple si cette maman (et, je suis maman!) accepte qu’un papa a tous les droits – les mêmes que la maman – d’éduquer son enfant. L’affaire est simple parce qu’il suffit que cette femme arrête cette aliénation parentale et qu’elle aille trouver un cadre avec le père, les avocats et la justice belge. et cet enfant pourrait enfin retrouver ces 2 parents. Un comportement comme celui-ci- contrairement à ce qui est dit – ne renvoie pas à une maman qui pense à son enfant. Là il n’y a qu’elle et son égo dans la balance. En tout cas, merci pour cet article car vous démontrer bien les mécanismes hors la lois qui ont permis ce genre d’évasion et qui inclurait des personnes haut placées.

  • Aujourd'hui au Faso

    GRATUIT
    VOIR