Grandeurs et misères de l’homme politique congolais, Moïse Katumbi.
Lui qui, dans le Katanga en tant que gouverneur, faisait la pluie et le beau temps, adulé par les Katangais, pour son travail et pour avoir hissé le Tout-puissant Mazimbé, l’équipe de foot locale, au firmament des compétions, allié de Kabila, qui le recevait au pied levé, se retrouve ainsi comme un paria, voire un apatride, refoulé, par son pays ! Voilà 3 jours qu’il a tenté d’abord par les airs, puis par la route, via la ville frontalière de Kasumbalesa en Zambie de gagner Lubumbashi, en vain ! Les autorités congolaises n’en veulent pas. Interdiction du survol du territoire, puis entrave de la route de Kasumbalesa-Lubumbashi par des camions, et présence massive de barbouzes du pouvoir en ces lieux, pour empêcher le reprouvé de franchir la frontière.
Si JP. Bemba rentré, le 1er août dernier a pu atterrir à Kinshasa et même déposer son dossier de candidature le lendemain, Moïse Katumbi risque, car on est à 2 jours de la fermeture de la réception des candidatures, Katumbi risque de ne pas pouvoir remettre ses papiers à la CENI. Et à l’évidence, c’est le but recherché par son ancien allié Kabila avec qui il s’est brouillé en 2015, pour passer dans l’opposition. Pourtant, d’aucuns avaient cru qu’on laisserait Katumbi atterrir, pour l’arrêter, ce dernier étant sous le coup d’un mandat d’arrêt de la justice.
D’où une foultitude de questions qui taraudent même les Congologues, les plus capés :
- le pouvoir craint-il Moïse Katumbi plus que JP. Bemba ?
- pourquoi ne pas laisser Katumbi rentrer et appliquer la loi, c’est à dire l’emprisonner à moins de craindre l’ire de ses partisans ? Du reste, son avocat, le pugnace Me Eric Dupond-Moretti ne croit guère à une possible arrestation de son client, tant les preuves contre Katumbi volent au ras des pâquerettes du fleuve Congo ; que ce soit l’affaire immobilière ou celle liée aux mercenaires ! Peut-être aussi que c’est pour faire d’une pierre deux coups, que le pouvoir en place agit de la sorte : empêcher Katumbi de rentrer et invalider par la suite le dossier de Bemba, ce qui donnerait plus de chance à la galaxie Kabila, même avec un candidat de moindre envergure, de conserver le pouvoir.
On a donc beau se triturer la pensée, et essayer de trouver des conjectures, même les plus tortueuses, la météo congolaise demeure davantage floue indéchiffrable, au fur et à mesure, que la date fatidique du 23 décembre approche à grand pas. Finalement qui et qui seront sur la ligne de départ côté opposition et côté pouvoir ? Si Moïse Katumbi n’est pas candidat, il est vrai que la force de frappe de l’opposition s’en trouverait amoindrie, mais, ses partisans, l’Eglise et surtout la communauté internationale avaliseront-ils un tel scénario léonin ?
Un doute même tenu, habite désormais de nombreux analystes, sur l’existence d’un possible deal dans cette élection, un deal non encore dévoilé et dont peut-être quelques personnes seraient dans le coup, y compris Kabila, Bemba et Cie. Quel est ce plan ? On espère seulement qu’il passera par la case élection transparente, avec tous les candidats désireux d’y prendre part, sans exclusive. On touche du bois également que l’alternance est au cœur de tous ces mics-macs, tout en souhaitant que ce ne soit pas un pis-aller, avec l’avènement d’une guerre civile. Au demeurant, on aura une idée de la liste des compétiteurs le 19 septembre prochain, ce qui dévoilera, un petit pan de ce deal, si deal il y a.
La Rédaction
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