Union européenne : 50 millions d’euros, les USA : 60 millions de dollars, la France 8 millions, les 5 pays concernés : 50 millions d’euros, et depuis hier : l’Arabie Saoudite 100 millions de dollars et les Emirats Arabes Unis 30 millions de dollars. Le compte y est donc pour le Budget de la Force G5-Sahel pour 1 an !
Le cénacle de Celle Saint-Cloud aura tenu, sa promesse, même si les modalités des décaissements des bons samaritains des monarchies arabes restent à déterminer ! Pour le moment, un seul homme peut pavoiser : Emmanuel Macron ! Un Macron-la-tornade qui aurait reussi son second pari ce dernier mois, de 2017 car coup sur coup, il aura obtenu sa COP sur le climat, puis un conclave des pays du G5-Sahel en présence de sa partenaire allemande Angela Merkel et du premier missi dominici de l’UA, Moussa Faki Mahamat. Trop-plein d’énergie de la quarantaine ou marque de fabrique du macronisme caractérisé par le boogisme à tout crin ? En tout cas après avoir évoqué la veille, la lenteur sur le combat contre le réchauffement climatique, voilà, le n°1 français, qui veut que les Roch Kaboré, Mohamed Abdel Aziz, Mahamadou Issoufou, Ibrahim Boubacar Keïta et Idriss Déby Itno, puissent accroître fissa leurs efforts militaires. Rien ne va donc assez vite pour la machine macroniste, pour qui la «guerre au Sahel bat son plein et il faut la gagner». Diagnostic indiscutable, quand on s’en tient à l’existant sécuritaire, dans la «zone-centre» du Sahel, le triangle Mali-Niger-Burkina. Pas une semaine par exemple sans que les alentours de Kidal dans l’ex-Soudan français, ou à Tongomayel au Burkina, ne connaissent des attaques djihadistes. Et si le Mali ahane à récupérer un Nord perdu, le Burkina se bat pour ne pas perdre le sien.
Le second objectif de Celle Saint Cloud s’avere également judicieux, car il s’est agi de donner un nouveau souffle, à un accord de paix malien, aussi poussif que bancal. Ecartelé entre les ex-CMA, et le GATIA, si ce n’est l’impuissance d’autorités intérimaires, l’Accord d’Alger mérite d’être requinqué. Tout le monde a les yeux rivés sur les 423 millions d’Euros nécessaires à la plénitude de cette force anti-djihadiste. Mais si son bouclage, est achevé et si on connaîtra l’issue finale le 23 février 2018, il y a la délicate problématique de sa pérennité. Comment entretenir ces 5 000 hommes qui ont pour vocation à terme, de prendre la relève des 4 000 soldats tricolores de Barkhane, pendant plusieurs années en armes, en garba (ration), matériels roulants et de renseignements… ? On le voit même, ces 423 millions d’Euros sont justes assez pour ce combat asymétrique qui promet d’être long et couteux. La solution pourrait venir en partie des nouveaux amphitryons de la péninsule arabique en particulier de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes. En décidant de verser 130 millions de dollars dans les dunes de sables du Sahel contre les katiba qui écument cette zone, les Arabes déplacent leur tambouille dans la bande Sahélo-saharienne.
N’ayons pas peur de la réalité : on sait qu’au Moyen –orient, l’entente n’est plus la chose la mieux partagée par tous. Et si récemment, l’Arabie Saoudite et les autres alliés de la sous-région ont rompu leurs relations avec le Qatar, accusé à tort ou à raison d’être le bras financier du terrorisme, et de déstabiliser la péninsule, le prétexte, de la lutte anti-djihadiste au Sahel était trop beau pour que le pouvoir des Saoud ne le saisisse pas. Voilà le trentenaire Salmane ouvert moderne qui veut marquer son territoire, et sa gouvernance face à un Qatar, proche des Ayatollah chiites d’Iran, l’ennemi juré de l’Arabie Saoudite. Quoi de plus naturel que d’ouvrir un front.
Et c’est connu aussi, les histoires de djihadisme se mènent toujours loin de ceux censés les entretenir. Et si Doha est soupçonné peu ou prou d’entretenir ces terroristes au Sahel, Riyad ne peut que saisir ce rebond sécuritaire pour le combattre. Et voilà donc la guerre entre Wahhabisme et Frères musulmans qui se déporte au Sahel, via les pétrodollars des monarchies arabes. Reste à savoir combien de temps durera ce financement, au cas où l’armistice relatif qui a cours actuellement entre les Frères arabes venait à se transformer en vrai paix. C’est dire que la Force G5-Sahel, pour pérenne qu’elle aspire à être, devra le temps de la crise de croissance passée, trouver ses propres moyens pour s’assumer de façon adulte. De toute façon des pays ne peuvent pas confier ad vitam leur sécurité à l’extérieur. Même les plus pauvres, comme les 5 concernés du Sahel.
Sam Chris
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