Réunion du conseil européen sur la RD Congo : L’UE et l’UA optent pour la realpolitik

Réunion du conseil européen sur la RD Congo : L’UE et l’UA optent pour la realpolitik

L’Union européenne et l’Union africaine vont-elles déculasser la «gâchette de l’Afrique» comprendre, continuer à exiger que la vérité des urnes soit respectée, autrement dit proclamer la victoire de Martin Fayulu ou va-t-elle jouer balle à terre et laisser faire à savoir abandonner le même Fayulu en rade ? C’était la question principielle qui planait dans les esprits avant le cénacle de ce 22 janvier dans la capitale belge. Les positions sont désormais limpides après ce huis-clos.

Réunis hier à Bruxelles, les ministres des affaires de l’Europe et de l’Afrique ont plutôt opté de «prendre acte», terme diplomatique qui n’a jamais autant résumé une situation. L’UE et l’UA constatant que la CENI a proclamé Félix Tshisekedi vainqueur lequel a été oint légalement par la Cour constitutionnelle, une juridiction qui a passé outre la demande de suspension de cette proclamation par l’UA, et en ignorant les réserves et les doutes de l’UE. Les deux (2) organisations continentales ont ainsi choisi d’accompagner le processus et même le nouveau élu. Autrement dit, l’UA et l’UE reconnaissent la victoire du patron de l’UDPS, Félix Tshisekedi et laissent tomber leurs exigences.

Refus d’interférer dans les affaires domestiques d’un pays souverain, maintien d’une paix fourrée avec espoir de pouvoir toujours avoir un partenariat avec un pays aussi vaste que béni des dieux en matière de richesses, voilà quelques arguments qui ont milité pour ce déjugement de l’UE et l’UA.

Ainsi, le consensus que l’UE a appelé de tous ses vœux en RD Congo et la bonne gouvernance serinée par l’UA, bref, les défis que le nouveau pouvoir doit relever qui ont été au cœur du sommet d’hier, sont autant de reculades, mais tout autant l’affirmation d’une realpolitik qui s’est imposée.

Prudentissimes, les deux (2) organisations ont préféré ne pas continuer à ruer dans les brancards, car cela ne servirait à rien, sauf au mieux, à être inaudibles du côté de la rive droite du fleuve Congo, au pire à être humiliée. Ensuite, même les Congolais semblent s’accommoder de cette nique faite à leurs choix, c’est-à-dire à ce vol électoral. La lassitude, les violences, les tueries et exodes aidant, les compatriotes de Tshisekedi ont choisi de rester coi, afin de donner une chance au pays de Patrice Lumumba de sortir un tant soit peu de cette permanente zone de turbulences et ne pas plomber une alternance déjà lestée par son illégitimité.

Sans doute, tout cet état de fait et la reconnaissance de la victoire de Tshisekedi par l’Afrique du Sud, poids lourd de l’UA, ont provoqué ce fléchissement notable de l’UE et de l’UA. Car peut-on être plus royaliste que le roi ? Les autres pays africains et les Européens peuvent-ils vouloir le bonheur des Congolais plus qu’eux-mêmes ?

En outre, c’est après tout, une alternance qui a eu lieu en RD Congo, alternance biaisée, piégée, truquée et tronquée, mais n’est-ce pas un opposant qui a gagné, même en pactisant avec un président sortant voué aux gémonies, qui restera aux manettes par procuration ?

Enfin, dans ce pays de 2,5 millions de km2, au neuf (9) voisins, avec neuf mille (9 000) km de frontière, quatre-vingt (80) millions d’âmes et une richesse minérale et hydrographique insolente, ne vaut-il pas mieux, faire avec cette démocratie congolaise trompe-l’œil avec possibilité d’y réaliser des affaires que d’appuyer sur une gâchette, qui ne pourrait que cracher du feu sur toute la région des grands Lacs et même dans toute l’Afrique australe ?

L’UE et l’UA ont donc opté pour cette realpolitik là ancrée sur le réalisme et le sens des affaires. Nécessité fait loi. Cette Realpolitik vaut bien quelques entorses à la démocratie

rousseauiste (celle du nombre) et subsidiairement à une cécité de l’UE et l’UA. Même si, et ceci est surtout valable pour les Congolais, car en acceptant ce deal Kabila-Tshisekedi, la RD Congo crée un précédant fâcheux et malheureux, et ne resoud qu’à moitié le malheur de la conscience des populations, elle  qui auront à subir encore ce qu’elles abhorrent, depuis plus de quarante (40) ans, être dirigées par un pouvoir qu’elles n’auront pas désigné, car tout a changé pour que rien ne change, en RD Congo. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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