A l’image des autres forces de défense et de sécurité (FDS), la police nationale a été mobilisée dans toute sa composante pendant les fêtes de fin d’année et ce, depuis le 24 décembre dernier, pour parer à toute éventualité. Entre assurer la sécurité des lieux de culte, règlementer et faciliter la circulation en passant par les patrouilles qui sont des missions habituelles, les flics ont joué leur rôle régalienne qu’est, la protection des personnes et des biens. Nous avons suivi une équipe de la Brigade anti-criminalité (BAC) dans la nuit du 31, en mission de patrouille à Ouagadougou dans des zones qualifiées de haut risque.
Loin de leurs domiciles et familles, des débits de boissons et autres lieux de réjouissance qui sont des cadres idéals choisis par des Ouagavillois pour célébrer le passage à la nouvelle année (Réveillon de la Saint Sylvestre), ils étaient en revanche présents dans des lieux stratégiques de la capitale burkinabè, au niveau des feux tricolores et certaines artères pour règlementer et faciliter la circulation. Eux, ce sont les policiers mobilisés dans leur ensemble pour la sécurité des honnêtes citoyens en ces moments pouvant être considérés par des malfaiteurs comme des périodes de relâchement du fait que la population se livre à la fête. A cet effet, dans le but de permettre aux Ouagalais de fêter dans la quiétude et la sérénité comme l’indique d’ailleurs son slogan : la police nationale, «une force publique au service des populations», les policiers n’ont pas chômé. Pour observer de visu les différentes actions salutaires que ces gens qui se déploient jour et nuit mènent sur le terrain, nous avons suivi une équipe de patrouille de la Brigade-anti criminalité (BAC) dans la nuit du 31 décembre 2018, qui a supervisé des zones telles que Ouagar-inter, la cité ASECNA et le quartier Nagrin. Environ trois (3) heures d’horloge (21h-24h), c’est le temps qu’a duré l’opération à laquelle nous avons participé en compagnie de l’assistant principal Bakassa Koné, le chef d’équipe et ses 6 éléments, qui a eu pour point de départ, le jardin de l’Unité africaine. Dotés de gilets pare-balles, nous (hommes des médias) avons pris place à l’arrière du pick-up avec des éléments après les dernières consignes et le déroulé de la mission portés à notre connaissance. Selon le chef d’équipe, la mission de ce soir consiste à visiter des lieux criminogènes de la ville où il n’est pas rare d’interpeller des individus en possession d’objets dangereux, suspects et aussi de la drogue.
Ouagar-inter, première destination des éléments de la BAC
Comme prévu, c’est la zone de Ouagar-inter qui fut notre premier point de chute. Divisés en deux groupes, les securocrates ont, durant au moins 45 minutes, ratissé l’intérieur de la gare et les environs de l’ancien cimetière situé juste à côté. Que ce soit les piétons, les motocyclistes et les automobilistes, personne n’a échappé à l’inspection. A ce niveau, mis à part la découverte de trois couteaux dans les affaires d’un ressortissant togolais qui se rendait à l’église en compagnie de sa femme et d’un jeune, il n’y avait Rien à signaler (RAS). Des dires du concerné, ce ne sont que des outils ménagers appartenant à sa femme. Malgré ces explications, l’assistant Bakassa, par mesure de prudence, a préféré saisir lesdits couteaux qui n’ont pas leur raison d’être dans un lieu de culte. Interrogés sur les lieux, des usagers fouillés n’ont pas hésité à saluer cette opération. A en croire Constant Ouédraogo, cinéaste de son état, l’opération est à féliciter vu le contexte sécuritaire actuel du pays. Cependant, il estime qu’il faudra la collaboration de tout un chacun pour sortir de cette crise qui n’a que trop durée. «Ce n’est pas du tout facile, mais nous les supportons et il faudra qu’ils gardent le courage afin que nous triomphons de cette guerre», a t- il argué.
Après Ouagar- inter, cap sur Nagrin
En partance pour Nagrin, seconde et dernière destination, les éléments de la Brigade anti- criminalité (BAC) ont marqué deux arrêts pour procéder à des fouilles et des contrôles d’identité. Il s’est agi d’abord des passagers d’un taxi au niveau du rond-point de la Patte d’oie et ensuite des usagers de la cité ASECNA, située à quelques mètres du rond-point. Là également, c’était RAS. Il était 22h 45 mn lorsque nous arrivâmes au lieu indiqué. Prenant position aux environs d’une réserve qui se trouve à quelques dizaines de mètres des cités de Nagrin, les éléments de la BAC, tout en procédant à la vérification des identités des passants, de même que les documents des engins, contrôlaient minutieusement l’intérieur des véhicules, les motos ainsi que le contenu des sacs et cartons que certains avaient en leur possession.
Qu’à cela ne tienne, il a été laissé de voir que des individus, pour des raisons qu’on ignore, faisaient demi- tour pour échapper à ces vérifications tandis que d’autres feignent de ne pas entendre l’injonction à eux faite de s’arrêter. Relativement à ces cas, l’assistant principal nous confiera qu’il n’est pas exclu que des courses poursuites soient parfois engagées contre ces derniers.
Contrairement aux sites précédemment visités, Nagrin a enregistré des cas qui méritent d’être soulignés. Sorties pour festoyer sans leur Carte nationale d’identité (CNIB) ou les documents de leurs engins, plusieurs personnes ont été retenues pendant un bon bout de temps avant d’être libérées après avoir été verbalisées.
C’est le cas de ce quinquagénaire du nom d’Aimé Zongo, qui n’avait sur lui comme document de sa moto X1R, qu’un reçu de vente que lui a délivré le vendeur. A l’écouter, c’est suite à un accident qu’il a perdu sa carte grise et autres documents personnels et n’a jusqu’à présent songé à établir une autre. Néanmoins, il reconnaît être en infraction et promet de régler cela dans les brefs délais. A entendre le chef d’équipe, il ne tient pas trop rigueur en ce qui concerne les documents. Poursuivant son propos, il précise que l’objectif principal de sa mission, c’est d’interpeller ceux qui sont en possession d’objets et de produits dangereux et suspects comme des armes, la drogue…
Les deux suspects arrêtés connaîtront leur sort au commissariat de Bogodogo
Si M. Zongo et d’autres infracteurs ont pu continuer leur route, il n’en sera pas autant de deux autres individus qui ont été embarqués ainsi que leurs engins, direction commissariat de Bogodogo pour de plus amples vérifications. Pris en état d’ivresse sans la moindre trace de document sur lui, ce jeune, environ la trentaine que nous nommons N.K, qui avait des difficultés à se déplacer et de s’exprimer, ira passer la nuit au commissariat en attendant de retrouver ses esprits. C’est ce qu’a décidé M. Koné. Quant à Souleymane Tiendrébéogo, c’est pour plus d’investigation qu’il doit lui aussi embarqué dans le pick-up.
En effet, se présentant en tant qu’un agent de change de monnaie exerçant à l’aéroport international de Ouagadougou, il détenait par devers lui, des devises importantes. Des billets d’euros qu’il évalue à peu près 20 mille et de francs CFA estimés à plus d’un million.
Au moment de faire le point de la soirée à quelques minutes avant le passage à la nouvelle année (24h), le chef d’équipe, l’assistant principal Bakassa Koné, a dressé un bilan satisfaisant à l’image des autres missions de routine qu’ils ont eu à effectuer antérieurement. Pour lui, ce sont des opérations qu’ils ont l’habitude d’assurer au quotidien.
Cependant, en ces périodes de festivités, elles ont été intensifiées selon les consignes données par la hiérarchie, ajoute–t-il. «On essaye de privilégier les zones criminogènes et on les tient en patrouille permanente, afin que les citoyens puissent se sentir en sécurité», précise M. Koné.
Si on l’en croit, au cours de leurs patrouilles qui se font généralement de 20 heures à 5 heures du matin, ils ne manquent pas de constater des cas d’agression dans lesdites zones. Et en pareille situation, déclare t- il, des courses- poursuites sont engagées et certains malfaiteurs sont appréhendés. Pour ce qui est des suspects arrêtés lors de ces missions, ils sont déposés selon les maillages des zones. «Il y a forcément un arrondissement là où l’opération se déroule.
Et nous les déposons aussi par rapport à l’ampleur de l’infraction qui est commise», a laissé entendre Bakassa Koné. Par ailleurs, des enquêtes plus approfondies permettront de démanteler ceux qui ont pu échapper à leurs mailles. A comparer à l’année dernière, il pense que la criminalité a baissé considérablement dans la capitale du fait de l’intensification des patrouilles qu’ils font en collaboration avec les autres unités de la police et en plus des autres Forces de défense et de sécurité (FDS).
Boureima SAWADOGO
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