Le millier de soldats tricolores de Barkhane présents au Tchad a réveillonné ce 22 décembre avec un père Noël spécialement venu de l’Elysée, juste pour eux : ce papa Noël est Emmanuel Macron. Le chef cuisinier de l’Elysée lui a mis du sien dans le menu pour améliorer la ration de ces éléments des forces spéciales françaises. Là à la base militaire kossei, Macron a mis du tonus dans son propos pour requinquer davantage le moral de la troupe, (question de Budget de déploiement, avenir de Barkhane) laquelle troupe peut s’enorgueillir d’avoir ses dernières semaines, mis en déroute plusieurs katibas terroristes et accroché à leurs ceinturons quelques scalps de grands chefs djihadistes qui écument le Sahel. Des propos qui mettent du baume au cœur et qui feront même tomber un soldat dans les vaps, à moins que ce ne soit un coup de barre!
Mais, on imagine que ce réveillon de la Nativité est indissociable de l’utile qui est la lutte contre ce terrorisme, d’où ce détour hier 23 décembre à la présidence chez Idriss Deby Itno, son homologue tchadien qui abrite le siège de Barkhane pour des raisons évidentes, et tangibles.
Et avec le président tchadien, on devine que les questions des opposants, des législatives de mai 2019, des droits de l’homme, de la situation économique qui frise souvent la banqueroute, malgré l’or noir qui a coulé à flots et des reflux sociaux, on devine que tous ces problèmes ont été évoqués même si Macron n’a pas souhaité rencontrer l’opposition, tout en le faisant avec la société civile à travers les femmes tchadiennes. Et dans ces domaines-là, liés à la bonne gouvernance on ne le dira pas mezza Voce, mais Deby ne brille pas. D’où la question, pourquoi, malgré les cris de stentor que poussent les opposants et les droits-de-l’hommiste, on semble fermer les yeux sur ce que fait Deby au Tchad ? Pourquoi Deby reste fréquentable, malgré ce visage de Léviathan ?
La réponse la voici : celui qui régente le Tchad depuis le 4 décembre 1990 est un soldat compétent, qui, dans le contexte actuel de luttes sans merci contre cet ennemi sans visage qu’est le terrorisme, reste un élément sûr, «un gars sur qui on peut compter» pour reprendre le langage des milieux cosy.
A l’image de Deby, la soldatesque tchadienne demeure également apte aux combats dans le Sahel. Aguerris par les rezzous et les escarmouches dans le Tibesti et jadis contre l’armée kadafienne, les warriors tchadiens ont démontré leur opérationnalité sur plusieurs théâtres de feu.
Entourés par le Nigéria avec Boko Haram, la Centrafrique où grenouillent une kyrielle de rebellions dans un Etat failli, au Niger avec AQMI et d’autres katiba, de la Libye, post-sanctuaires du terrorisme et du Darfour, le Tchad aurait dû être depuis longtemps, envahi par l’un ou l’autre de ces dangers. Et pourtant, il tient, il est vrai, avec souvent le soutien de l’ami français et ce n’est pas rien !
Dans cette guerre anti-terroriste au Sahel, le Tchad demeure le maillon fort et c’est une digue dont il faut renforcer les fondements pour qu’elle ne cède pas. Et s’il y a Barkhane, il y a le G5-Sahel qui peine à se mettre en branle, pour manque de moyens.
La realpolitik recommande donc, de soutenir le soldat Deby et que la France de l’égalité et de la justice fasse ce halo d’honneur et d’encouragement au Tchad qui la lui rend bien par ces propos de Deby : «La France est le seul soutien dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel». Assertion en grande partie vraie, car que ce soit en tant qu’avocat auprès des bailleurs de fond pour le G5 Sahel, on l’a vu à la réunion de Bruxelles en février dernier ou par Barkhane, l’hexagone demeure à la pointe de cette croisade. Oui, parfois, les Etats aux mains propres saluent ceux qui ont les mains imbibées de cambouis. Du cambouis liberticide, qui dégouline de fluides hideux et dégoûtants.
Oui. Il faut parfois accepter plonger ses dix doigts dans la gadoue pour y dénicher l’or et le diamant qui s’y cachent. Et en allant au Tchad, Emmanuel Macron accepte enfoncer les mains de la France dans le désert démocratique pour y trouver cet allié quasi indispensable pour le Sahel et la France dans la lutte contre le terrorisme. Pour éteindre un incendie ravageur, il ne faut souvent pas faire le difficile quant à la qualité de l’eau utilisée pour l’éteindre. Qu’elle soit boueuse ou remplie de détritus, pourvu que les ardeurs des flammes soient calmées.
Alors, les récriminations des opposants peuvent bien attendre. Le «Warrior» Idriss Déby est une pièce fondamentale dans l’arsenal de «répression» des terroristes et des trafiquants de migrants et de drogue dans le Sahel pour que Macron s’embarrasse de salamalecs démocratiques. Lorsque les terreurs des dunes de sable et des savanes seront réduites au silence, peut-être qu’on pourra en reparler. En attendant, Deby et ses Déby boys seront toujours soutenus ! Et entre deux maux, il faut choisir le moindre, les Africains doivent aussi le comprendre au lieu de chaque fois pousser des cris d’orfraie ou de faire dans l’indignation fébrile et puérile l
Ahmed BAMBARA
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