L’Afrique cahin cahan s’accroche, se barricade, sensibilise, sévit et essaie d’avoir la suprématie sur son rapport mortel avec le coronavirus, qui hélas poursuit sa propagation contagieuse et létale selon les chiffres officiels, qu’on sait en-deçà de la réalité, au regard de la faiblesse des tests, et de la vétusté ou de l’inexistence des instruments d’estimation. A la date d’hier 5 avril, le continent comptait 8 536 cas avérés, avec 360 décès, et 710 guéris !
Les capitales et les villes africaines, une à une se mettent en quarantaine, se confinent, un isolement d’autant plus dramatique que ses populations vivent au jour le jour, sans lendemain, à cause des économies faibles ou sous perfusion. Le système D (débrouillardise) à pignon sur rue, l’informel est la règle et même l’économie formalisée, est imbriquée dans celle qui passe entre les mailles du fisc.
Dans ce combat pour la vie, ce struggle for life, comme l’a laissé entendre en substance la reine Elisabeth II dans son adresse aux Britaniques, qui est devenu un combat contre la mort, dans cette lutte donc, partout comme en Afrique, on vogue entre sentiment anxiogène et attente des pics épidémiques.
Inquiétude de savoir de quoi on va mourir : de faim ou de coronavirus, à telle enseigne qu’avec même les mesures socio-économiques prises par les dirigeants, pour amortir les chocs des fermetures de marchés, de transports, des frontières, certains en viennent à se fier à un darwinisme naturel : vivre normalement en ignorant coronavirus et laisser mourir ceux qui en périront. Et laisser tomber aussi cette course contre la montre, un chemin insensé bien sûr. En Afrique, d’ailleurs, les mesures drastiques pour couper la contagion (port de masques, interdiction de regroupement, lavage des mains au savon ou au gel hydoalcoolique) qui sont respectées, plus ou moins, selon les pays, et les villes ou les faubourgs, n’ont du reste pas encore rassuré les populations dont certains nagent toujours entre incrédulité surréaliste et comportement suicidaire.
On aura constaté ce week-end, par exemple au sortir de Ouagadougou, que les poulets-bicyclettes bien assaisonnés étaient bien consommés par des citoyens, assis confortablement, sous des manguiers et autres arbres ombrageux, des maquis aménagés, et sans respect des mesures basiques de coupe-contagion. Ce qui a fait écrier quelqu’un : à quoi bon fermer les marchés, pour retrouver la même promiscuité ailleurs ? A Pretoria, malgré la présence massive de militaires dans les rues, les townships frémissent de bruits de pas de ceux qui violent les règles édictées. Les Africains comme les Européens ont mal à la quarantaine, au confinement, au changement de leur mode de vie, imposé par l’irruption du Covid-19. Mais c’est le seul remède qui vaille.
Et c’est la houle au ventre, le cœur lourd, et les yeux scrutant des incertains lendemains, que les Africains attendent les pics épidémiques, qui interviendront aussi à différentes périodes selon les pays.
Au Burkina Faso, on le situe fin avril début mai avec une pointe de 7 000 cas. Ailleurs comme à Abidjan, ce pic pourrait advenir avant cette date. D’ailleurs dans la capitale ivoirienne, le maintien de la présidentielle au 31 octobre 2020, et la poursuite de l’enrôlement en disent long sur les états d’esprit, comme à Bamako, qui a tenu le 1er tour des législatives le 29 mars, tout ceci est symptomatique que rien n’est calé et relativise la lutte contre le Covid-19. Dangereuse posture !
A Dakar, aucune date de ce pic n’est également avancée. A Kinsasha, le quartier administratif de Gombé notamment est en confinement dès hier soir 5 avril 2020 si fait qu’on ne peut arrêter quoi que ce soit sur ce pic. Or ce sont ces pics épidémiques, et les dégringolades qui s’en suivront, qui permettront de prendre d’autres mesures clémentes, pour dérider les contraintes insupportables aux populations qui languissent sous la pauvreté. Mais tous plus ou moins, estiment que les mois d’avril à juin seront des mois estampillés coronavirus, et il faut tenir ces 3 mois. 3 mois d’âpre lutte, de discipline, de prise de conscience pour enfin voir les étreintes mortelles du Covid-19 se relâcher. 3 mois pour que chacun se rende compte que malgré ses technologies, l’homme n’est toujours pas maître et possesseur de la Nature. Pas totalement ! 3 mois d’avancée à pas de sioux pour essayer de venir à bout de cette pathologie, qui est au 21e siècle, ce que la peste bubonique fut en début du 20e siècle.
La REDACTION
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