Roch à Kosyam, 3 ans après : Le changement accouche difficilement

Roch à Kosyam, 3 ans après : Le changement accouche difficilement

Roch Marc Christian Kaboré : 53,49 % des voix. Zéphirin Diabré : 29,65 % des voix. Le 29 novembre 2015, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) proclamait ainsi les résultats de la première présidentielle au Burkina qui porte un civil à la tête de l’Etat. Ces résultats ont été confirmés quelques jours plus tard par le Conseil constitutionnel, qui investira le nouveau chef de l’Etat, après un acte hautement démocratique de son poursuivant, Zéphirin Diabré, qui l’a félicité dans son fief.

A l’investiture, les yeux des Burkinabè étaient chargés d’espoir, tournés vers le nouveau «patron» du pays. Un chef vêtu de la toge de la démocratie et qui promettait d’apporter des réponses aux nombreux problèmes qui gangrenaient les citoyens d’un pays qui sort de 27 ans de règne sans partage d’un homme Blaise Compaoré, d’une insurrection populaire qui l’a mis sur les rotules et d’un coup d’Etat avorté qui l’a secoué jusqu’aux tripes.

Mais le nouveau oint du mandat suprême a eu à peine le temps d’effleurer le fauteuil présidentiel que la capitale, le cœur du pays, tremblèrent sous les déflagrations des attaques terroristes du Cappuccino. C’est le point de départ d’une série de catastrophes d’origine terroriste qui vont émailler, ensanglanter et cribler de coups le nouveau pouvoir en place jusqu’à cette date anniversaire de proclamation de résultats. Des ripostes ont certes été assénées sur le dos des terroristes, le système de renseignement et de protection est en train d’être tissé, les forces de défense et de sécurité, pas assez armées, sont  en train d’être étoffées. Mais la gangrène du terrorisme a eu le temps d’envoyer de nombreux soldats, gendarmes, policiers, forestiers et douaniers aux cimetières de Oufrè  et de Gounghin.

Elle a eu lieu le temps de mettre à mal les symboles de l’Etat, de tutoyer de façon méprisante ses représentants. Elle a eu le temps de tuer des enseignants, d’effrayer des élèves et de réduire à zéro les enseignements dans les écoles, le fondement et le socle de la nation burkinabè, au silence. Des victoires éclatantes ont ensuite été remportées. Mais leur éclat doit être encore plus éblouissant pour rassurer les Burkinabè et tordre le cou à cet hideux dragon qui brûle l’épiderme du Faso.

Sur le plan économique et le bien-être social, de nombreux actes ont été posés. Des routes ont été inaugurées, des écoles ont été construites, nombreuses sont les femmes burkinabè qui ont trouvé des éléments d’appréciation positive sur les mesures de gratuité des soins de santé pour la mère et l’enfant. Il est certain que des vies ont été sauvées grâce à cette décision, qui, il faut le souligner, est financée exclusivement par le budget de l’Etat burkinabè. Le Plan national de développement économique et social (PNDES) a donné des gages de travail.

Toutefois, les grèves ont poussé sur le dos du Burkina avec une régularité, une assiduité et une insistance infernales, témoignant sans aucun doute d’un malaise social réel, même si la démesure a parfois plané dans certaines revendications. Mais d’une manière générale, les Burkinabè ne noteraient pas très positivement le changement tant promis dans leur mode de vie, leurs conditions de vie et dans leur porte-monnaie. Et certaines mesures, comme la récente hausse des prix des hydrocarbures, ne sont pas faites pour arranger les choses. Sans compter que dans le secteur privé, pourtant brandi comme le poumon et le moteur de l’économie burkinabè, la pression fiscale fait de nombreux asphyxiés pendant que l’Etat s’affiche comme un mauvais payeur de ses factures, compliquant davantage la situation des entreprises privées déjà engluées dans des difficultés inextricables. Pour tout dire l’économie locale démeure comateuse

Trois ans après donc, il est encore temps pour rectifier le tir et apporter du sourire sur le visage des Burkinabè. Une promesse, une dette, surtout en matière politique, la réclamation de cette créance pourrait se faire dans les urnes si elle n’est pas payée à bonne date.

Ahmed BAMBARA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR