Roch président en exercice du G5-Sahel : Troquer le Faso Danfani contre une tunique de Périclès

Roch président en exercice du G5-Sahel : Troquer le Faso Danfani contre une tunique de Périclès

De Ménaka, Kidal, Douentza au Mali  ou de Tongomayel, Nassoumbou, Pama, Kompiembiga au Burkina Faso, tonnent de façon itérative les fragrances d’une guerre asymétrique qui dure depuis six (6) ans pour l’ex-Soudan français et trois (3) ans pour l’ex-Haute-Volta, tous deux membres de l’ancien glacis tricolore.

Populations massacrées, casernements militaires attaqués,  brûlés à la rezzou, soldats tués auxquels s’ajoutent des conflits inter-communautaires. Il ne se passe pas une semaine pour le Burkina Faso ou un mois pour le Mali, sans que le sang coule, des vies soient ôtées, la mort est devenue trop facile dans le Sahel. C’est dans ce contexte que se tient aujourd’hui 5 février, le cénacle du G5-Sahel pour examiner l’existant arrêté par les ministres, il y a 48 heures et échafauder des plans de guerre contre ces terroristes, talibans le jour, contrebandiers la nuit, ces déleste-gousets et autres trafiquants de drogue, qui ont transformé le Sahel en un immense no man’s land.

En dépit des discours rassérénants et des chorégraphies diplomatiques, la force G5-Sahel a mal en ses finances et déréchef en la plénitude de son opérationnalisation.

Lors de la réunion des bailleurs de fonds du 23 février 2018, à Bruxelles, 414 millions ont été promis par les partenaires, mais ces sous sont décaissés à dose homéopathique et on est loin du compte des 430 millions d’Euros, car une chose est d’annoncer, une autre est de libérer. Et encore ce n’est pas pour un fonctionnement pérenne !

Promesses par ci, annonces par là, ragaillardissement, mais le compte du G5-Sahel est toujours désespérément débiteur. La France avocate attitrée du G5 fait ce qu’elle peut, mais il y a loin les promesses des donateurs au jalonnement des 5 000 soldats, à leur armement et au fonctionnement de cette expédition du G5, bref à des résultats tangibles sur le terrain. Une faiblesse insigne d’ailleurs que les terroristes ont exploité en attaquant le QG de l’organisation le 29 juin 2018 siège jadis sis à Sévaré et qui a été délocalisé à Bamako.

Des opérations s’effectuent certes, comme celles de la mi-janvier  dans les fuseaux Centre-Ouest et Est, mais entre reflux intercommunautaires avec ses affrontements ethniques dont le récent pogram de Yirgou au Burkina et les récurrents guérillas Dogon-Peulhs au pied des falaises de Bandigara au Mali en sont les regrettables avatars et toutes les attaques protéiformes, entre les fausses accalmies alternant avec des semblants de recrudescence du djihadisme sahélien, il serait vain de prétendre que le seul financement de projets structurants suffirait à mettre fin à ces impitoyables équipées de ces trublions sanguinaires de la sous-région.

Deux (2) millions d’Euros ont été annoncés le 6 décembre 2018, à Nouakchott pour financer des projets dans l’agriculture, l’élevage, l’hydraulique, le transport, l’énergie, mais la priorité absolue, le défi premier restent la sécurisation des cinq (5) millions de km2 de l’espace G5-Sahel. Et le thème : «sécurité et développement» ne pouvait pas mieux tomber à pic à ce sommet de la capitale burkinabè.

Ceux qui portent le fer et le sang à Ouaga, à Bamako et dans d’autres contrées de la sous-région, n’ont cure de toutes ces considérations. C’est pourquoi à l’image du chirurgien thoracique face à l’urgence, les cinq (5) chefs d’Etat doivent opérer le terrorisme à cœur ouvert. Les cinq (5) dirigeants doivent ôter qui le boubou amidonné, qui le costume 3 pièces contre des tenues de combat. Dans une moindre mesure, le Malien IBK la porte déjà, le Nigérien aussi, lui qui doit passer le témoin à son homologue burkinabè. Le Tchadien Deby lui a toujours été un guerrier. Roch qui prend la présidence en exercice du G5-Sahel à cette 5e cuvée au sommet doit troquer le Faso Danfani contre une tunique de Périclès.

Avec ses homologues Idriss Deby, Mahamoudou Issoufou, IBK, Mohamed Ould Abdelaziz, ce Périclès que Roch doit incarner à partir de ce 5 février, devra à l’image de cet illustre devancier, il y 2 500 ans, qui associa Athènes à Délos pour vaincre ses innombrables ennemis, Roch devra engager cette guerre asymétrique avec pour objectif deux (2) perspectives :

– soit les moyens suffisants sont réunis et la force G5-Sahel s’ébranle dans sa totalité, en attendant d’atteindre sa vitesse de croisière, car si elle a pour vocation de supplanter Barkhane un jour, il est grand temps que certaines opérations se déclenchent.

– soit comme le pensent certains, la pérennisation de cet instrument de guerre sera difficile voire impossible avec l’argent des autres, et auquel cas il faudra se résoudre à user des moyens de bord, à savoir

se coltiner l’argent des 5, déjà si chacun versait ces 10 millions d’Euros, ce serait ça de gagner ;

– trouver les armes et le matériel nécessaire ;

motiver et remotiver les troupes, en particulier au Burkina et au Mali ;

– s’inspirer des expériences mutuelles et en la matière, les enseignements du cas mauritanien où depuis 11 ans, il n’y a plus eu d’acte terroriste est riche de propédeutique ;

– enfin, concomitamment à la guerre, emprunter la piste de la diplomatie souterraine, qui a fait ses preuves par 3 fois au Mali avec les accords de décembre 90, juillet 2006 et juin 2015. Seul le dernier n’a pas tenu ses promesses. Et en l’espèce pour le Burkina, on est au stade où il faudra 40% de guerre et 60% de cette diplomatie parallèle. Alors force G5-Sahel, tous pour un, un pour tous ? 

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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